mercredi 17 décembre 2008

C'est sans tambours ni trompettes que j'écris cette dernière entrée de blogue - je dois partir de chez Steve dans moins de dix minutes pour aller prendre mon avion à l'aéroport de Narita. Un gros merci à tous ceux qui m'ont lu, aux lecteurs actifs comme aux lecteurs silencieux. On se revoit à Noël et je vous raconte le reste du voyage!

Mot du jour : kae(ru) = rentrer

lundi 15 décembre 2008

Sauver l'environnement les poches pleines de cochonneries

Dès ce matin, après une nuit moins violente que je l'aurais imaginée (les trains..), je crois un Japonais dans la cuisine du Yadoya. Il se présente, Tadashi c'est son nom, et tout de go, il me demande si ça me chante de l'accompagner à une espèce de foire aux produits écologiques sur l'île artificielle de Odaiba. Uhhh *me frotte les yeux* okay. Nous partons 15 minutes plus tard. Très sympathique ce Tadashi, un anglais irréprochable, 26 ans, très allumé, très ouvert. Lui veut aller à la foire pour ramasser des pamphlets et, possiblement, établir des contacts d'affaire. Moi, je ne fais que le suivre comme un chien de poche, heureux de me faire traîner à cet événement, ma foi, intéressant, mais où je ne serais jamais aller autrement. Surtout, c'est gratuit! Même la navette qui part de la gare de Tokyo est gratuite! 

À l'entrée du hall d'exposition (G-I-G-A-N-T-E-Sque), il y a la machine à café la plus évoluée qu'il m'ait été donné d'essayer. Tout est informatisé, on choisit l'intensité du grain, la part de crème, de sucre, etc, etc. Pour ce qui est de l'expo en soit, c'est assez chouette : à chaque stand, ils remettent un questionnaire qui, une fois rempli (que les réponses soient exactes ou non!) donne droit à un petit cadeau. Alors pendant que Takashi s'intéresse aux innovations écologiques, moi comme un bambin, je ramasses les cochonneries. C'est pas ma faute à moi si tout est écrit en japonais et que je n'ai pas les connaissances nécessaires pour tout comprendre!

De retour au Yadoya, Takashi et moi tentons de cuisiner, mais l'expérience n'est pas toute à fait couronnée de succès. Suite à cet échec, je me tape une petite séance de télévision japonaise. D'ordinaire nulle à chier, le Yadoya a le satellite - j'écoute donc du Mah-Jong professionnel ainsi qu'un combat de lutte féminine avant d'aller me mettre à l'horizontale.

Mot du jour : kotatsu (table basse chauffante dont je vous ai parlé, mais dont le nom m"échappe à chaque fois.. sorry, aucun lien cette fois!)

Et on ferme la parenthèse!

Je suis venu à un cheveu près d'intituler l'entrée « Le retour du flâneur », mais je crois que je me serais dégoûté moi-même en faisant référence à Beau Dommage... une autre fois peut-être! Dans une vingtaine d'années peut-être! Mais c'est quoi cette histoire de parenthèse? C'est que, voyez-vous, je viens de revenir à Tokyo, j'ai l'impression de boucler la boucle, que ce petit tour du Japon « yinqu'su'ne gosse » n'était qu'une sorte de.. poupée russe, une boîte dans une autre boîte. Donc, je referme la parenthèse et je reviens sur les lieux de mes premières aventures avec le sentiment d'en avoir fait autant que je le pouvais.

Au début, j'étais supposé faire un arrêt à Utsunomiya qui, sur la carte, se situe à mi-chemin entre Tomioka et Tokyo. Cependant, en allant vérifier les horaires et les tarifs de train, je réalise que ça va prendrait soit : 4 heures de train et 3,800¥ pour Utsunomiya, soit 4h de train et 4,000¥ pour aller directement à Tokyo. Hmm. Si je choisis d'aller à Tokyo, je n'ai pas d'hôte parce que c'est très difficile d'en trouver et je suis un peu à la dernière minute. D'un autre côté, je n'ai qu'une nuit d'hébergement garanti à Utsunomiya. Ah, pis au y'ab les p'tites villes de crotte, j'en ai soupé des villes gravitant autour de leur pachinko et où y'a des boules de foin et de poussière qui flottent d'un bord à l'autre de la rue principale - je veux revoir les lumières de New Edo! Hop, une petite réservation dans l'auberge la moins chère de toute la ville et me voici dans le train à mijoter « le coup du gaijin ».

Ouais, ouais, je vous explique ce qu'est le « coup du gaijin », mais avant, je tiens à vous dire que c'est la première fois que je tente l'expérience et que c'est une chose à tenter qu'en derniers recours; je me sentirais trop mal d'abuser de la confiance de ces braves Japonais. C'est qu'il est vraiment facile de « frauder » les systèmes de transports en commun ici. Il n'y a pas de contrôles de billets dans les trains locaux. Donc, il s'agit d'acheter un billet d'une station seulement à la station de départ, le composter et entrer dans le train. Selon les distances, il peut y avoir plusieurs transferts à effectuer - l'important est de rester dans les trains locaux, et non les « limited express ». À la gare d'arrivée, aux tourniquets à la sortie, prendre un air innocent et oublier tout son japonais et dire que le billet est introuvable, qu'il a dû tomber quelque part. À ce moment, le préposé demandera qu'elle était la station de départ : lui répondre sur le ton d'excuse que c'était la station précédente, ou une station pas trop loin pour ne pas trop pousser l'audace. Le tour est joué. Finalement, je n'ai même pas eu à mettre le plan à exécution parce qu'en arrivant à la gare de Kita-senju, j'ai pu tout de suite aller aux lignes de métro et sortir de la station sans être contrôlé. Je me sens tout mal, mais je me dis que l'argent économisé m'aidera à payer mes deux nuits au Yadoya Guesthouse.

La chose intéressante à propos du Yadoya Guesthouse (mis à part le prix d'entrée dérisoire.. presque inquiétant), c'est qu'il se situe dans un coin de la ville où je n'ai jamais mis les pieds, Nakano, « arrondissement » à 5 minutes en train à l'ouest de Shinjuku, donc assez central. Je fais mon check-in et je demande à l'employée où se trouve la chambre. Elle délègue un petit bonhomme (un petit teigneux!) pour m'indiquer l'endroit. Nous sortons de la réception, nous retournons sur l'avenue principale, vers la gare. Le dortoir est à quelques 15 minutes de marche de la réception! C'est un vieux bâtiment collé sur la ligne de chemin de fer : à chaque passage de train, l'édifice vibre. À part ça, la cuisine est grosse comme mon cul (excusez les gros mots!), mais somme toute plus conviviale et surtout plus propre que celle du Crib. Le dortoir, à huit lits, est plutôt exiguë, mais le lit est confortable. C'est jouable.

Comme la faim me saisit vers 17h, je sors et explore un peu les environs. Pourquoi pas essayer d'aller à pied à Shinjuku, sous cette presque pleine lune? Sur le chemin, je m'arrête au Yoshinoya pour un bon gyudon. Me voyant peiner avec les baguettes, le serveur en chef a le culot de me proposer une fourchette - je suis un peu gêné et un peu fâché. Je suis parfaitement capable de manger avec des baguettes, c'est juste que j'ai eu le loisir de remarquer que ma technique n'avait rien d'élégant, un peu comme ma façon de tenir un crayon. À chaque repas, j'essaie donc de me corriger et ça me fait paraître plutôt nul. À Shinjuku, ça me fait plaisir de retrouver la foule, les lumières, le son. Je prends un moment à m'imbiber de tout ça pendant qu'un écran géant crache « Poupée de cire, poupée de son ». Peu après, je me dis que ce serait chouette de retourner en haut de l'observatoire des Metropolitan Towers pour avoir une vue de Tokyo toute illuminée en ce vendredi soir. Ouaip, ça en vaut la peine, là, c'est la Tokyo futuriste telle qu'on la voit dans les films.

Ouaip, ça fait plaisir d'être de retour en ville.

Mot du jour : ohashi (baguettes)

samedi 13 décembre 2008

Nouvelle formule avec maintenant 20% de vraies aventures!


Je ne veux pas passer pour le gars blasé, je sais que j'ai une chance inouïe de pouvoir flâner comme ça dans tout le Japon à rencontrer des gens, voir des lieux, etc, mais je sens l'énergie et la volonté diminuer. Le Japon, c'est diversifié, mais extrêmement homogène, vous savez? Une ville japonaise, que ce soit au nord ou au sud, ça reste une ville japonaise, avec ses pachinko, ses karaokés, ses restaurants, ses combinis.. Je recommence à reprendre une routine, avec un déplacement aux deux jours, un nouvel hôte qui enseigne l'anglais. Peut-être qu'il est temps que je rentre à Tokyo. Je reste donc jusqu'au début de l'après-midi chez David, il n'est pas aller au boulot parce qu'il ne peut tout simplement pas se tirer hors du lit. Ça m'embête un peu de le laisser comme ça, mais je voulais voir Sendai avant de partir. Ça me semble être une ville agréable pour y vivre, mais question tourisme, y'a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Je me balade dans les arcades commerciales afin de voir si je ne pourrais pas penser à quelques suggestions pour Noël. Difficile de penser à quoique ce soit : si j'ai des idées-cadeaux, c'est pour des trucs qu'on ne peut se procurer qu'ici. Bah.

J'arrive à Tomioka en soirée. À la gare, je suis abordée par une étrangère qui me demande si j'attends quelqu'un - c'est elle aussi une enseignante d'anglais, une Néo-Zélandaise. Elle connaît mon prochain hôte, Scott Walkington (un Français!), qui débarque quelques minutes plus tard. Scott, visiblement heureux de pouvoir converser en français avec quelqu'un, m'amène au bar Kookai et me paie la traite; les employés du bar comptent parmi ses meilleurs amis. Au bar, ils ont une machine qui fait un col parfait à une Guinness « flate » avec des micro-vibrations, vous avez déjà vu ça? Au retour, il me fait écouter Mon voisin Totoro, un film d'animation du grand Miyazaki (et, paraît-il, le anime le plus adulé de tous les temps).

Le lendemain, Scott prend le temps de m'amener à la plage de Tomioka sur le bord du Pacifique. Je vous ai dit qu'il faisait infiniment plus chaud sur le rivage oriental du Japon? Au moins cinq degrés de différence en tout temps, à la même latitude. La plage de Tomioka est assez chouette en soi, avec des falaises escarpées et des paysages qui rappellent le Rocher Percé (oui oui!). Sur midi, nous allons bouffer chinois.. bouffer chinois au Japon, une première! Un petit café au village électrique (une reproduction des maisons de Pierre et Marie Curie et Einstein) et Scott doit rappliquer au boulot. Pendant ce temps, je vais me claquer un onsen réflexif à Yonomori, le « bois de la nuit », lieu de la plus grande allée de cerisiers du Japon (impossible, bien sûr, de les observer en hiver).

Mot du jour : chuuka ryoori (cuisine chinoise)

vendredi 12 décembre 2008

Matsushima eh.. e-eh, Matsushima, eh.. Matsushima, eh..


Matsushima, « Îles de pins », c'est l'un des trois plus beaux panoramas du Japon. Basho, le célèbre poète, aurait écrit : « Matsushima ah! A-ah, Matsushima, ah! Matsushima, ah! », comme foudroyé par la beauté du site, tant que les mots ne peuvent la décrire. Ça vaut donc la peine d'y faire un petit détour, non? Surtout que c'est à 20 minutes de Sendai en train. Le problème c'est que, con comme je suis, je ne planifie pas trop mes affaires et je débarque à la station Matsushima, un peu à l'écart des sites touristiques. La bonne station, c'est Matsushima-Kaigan (rivage), mais ça, je ne l'apprendrai que plus tard. Ça me prend donc une bonne demi-heure de marche à travers le port et les innombrables restaurants d'huîtres fraîches avant d'arriver à quelque chose qui ait de l'allure. Je traverse un long pont vermillon qui se rend jusqu'à une île, la Fuukura-jima. De là, on a quelques bonnes vues sur les petits îlots recouverts de pins de la baie de Matsushima. Ça ressemble à une bonne vieille peinture de paysage à l'encre. Mais.. je sais pas.. c'est peut-être moi, peut-être que c'est le ciel gris, lourd et éblouissant, mais je me sens tout bof, si bien que je n'apprécie peut-être pas autant que je l'aurais dû, ou que je me serais l'imaginer le faire. C'est très joli tout ça, et c'est probablement dans mon « top five » de trucs vus au Japon, mais ça manque de.. ça manque de naturel je crois. Les plus beaux panoramas, ce sont ceux que l'on se crée nous-mêmes, à force de marche, d'efforts, pas ceux qu'on nous donne tout cuit dans le bec. Le Japonais moyen préfère cette expérience, je crois, celle d'aller avec la masse dans un endroit pré-défini, devant la beauté, mais loin de l'inconnu. Je me traîne ensuite jusqu'au Zuigan-ji, un temple pas mal du tout, mais qu'il me faut visiter à la hâte à cause du retard que j'ai pris précédemment.

Avant de rentrer chez David, j'arrête à la gare de Sendai - je lui avais promis que je ramasserais deux ou trois trucs pour le souper. J'achète donc des pâtes, une baguette, un camembert et un pâté (merci pour les magasins d'importation!). Un petit souper tout à l'européenne, mais bon dieu que ça fait du bien! David me fait découvrir quelques comédies britanniques avant de se mettre au lit - il est tout ankylosé, tout fatigué, c'est un bon rhume qui se prépare.

Mot du jour : chiizu (fromage)

De nouveaux sommets


Un petit au revoir tout endormi, mais très senti à ce cher Adrian avec qui je me suis super bien entendu - à moi maintenant d'aller vers de nouvelles aventures. Se rendre à la gare de Sakata, déjà, c'en est tout une. Pas que ça soit compliqué, non, mais je suis un peu serré dans le temps et j'y mets 40 minutes d'un pas très vigoureux. Je saute dans le train d'un bon acrobatique et j'éponge la sueur sur mon front. Entre Sakata et Sendai, ma nouvelle destination, j'espère faire un arrêt à Yamadera, un autre lieu qui porte si bien son nom (« temples de montagne »). Je fais un transfert d'une demi-heure dans une ville couverte de neige, juste le temps d'engloutir une ramen au torimotsu. « Tori », c'est volaille, mais « motsu », je ne savais pas trop.. ben je sais maintenant ce sont les parties « autres » du poulet, genre les abats, le foie, des os mous. Pas ce que l'on pourrait appeler de la grande gastronomie, mais ça se bouffe.

J'espère trouver Yamadera sous la neige, mais ça fond à vue d'oeil ; la neige ne tient probablement jamais très longtemps à ce temps-ci de l'année. Lorsque j'y arrive finalement, on dirait que je viens de déboucher au printemps, dans une journée du début d'avril : un grand soleil bien chaud, un peu de neige collante au sol et de la flotte. Faut faire attention parce que les temples de Yamadera, à flanc de montagne, sont à l'ombre d'une forêt de pins géants - de temps à autres, de lourds projectiles mouillés viennent s'abattre à mes pieds. Le site en soi est franchement quelque chose. Il faut gravir plus de 1,000 marches (paraît-il, je ne les ai pas comptées) avant d'atteindre le point d'observation le plus haut. Du sommet, on peut voir la vallée emmitouflée dans les montagnes, toute enneigée comme un village de Noël avec sa ligne de train qui la pourfend. Ma seule déception c'est qu'aujourd'hui les temples sont fermés (lundi), je n'ai donc pas pu voir la fameuse flamme apportée il y a plus de mille ans par un moine de l'Enryaku-ji.

Reste que, malgré toute la beauté du site, ça ne sert à rien de s'y éterniser plus de deux heures. C'est donc avec un peu d'avance que je débarque à Sendai, le temps de flâner un peu dans les kiosques de bouffe et les magasins d'importation. Je bouffe des pringles malais et bois une liqueur hawaïenne. Je rejoins finalement David et n'ai aucun mal à le repérer - c'est le gaijin de 6 pieds 3, un Britannique. Un court arrêt chez lui pour déposer mes affaires et nous allons boire une bière en regardant le « skyline » de Sendai à partir du site de l'ancien château.

Mot du jour : yuki (neige)

jeudi 11 décembre 2008

Les lendemains de veille japonais


Qu'est-ce qu'ils ont de si différents les lendemains de veille japonais? Kyle de Takayama, je m'en rappelle, s'était réveillé un bon matin en les maudissant et voilà qu'Adrian, lui aussi, se met à les damner. Un lendemain de veille, c'est un lendemain de veille, non? C'est international? À en croire mes gentils hôtes, la gueule de bois nipponne serait plus vicieuse, plus incisive. Dans l'état dans lequel je suis, ces questions de variations ne m'intéressent que très peu, j'essaie d'abord de retrouver mon aplomb. Je vous épargne les détails de cette lente ré-éducation à la vie normale... oh, et puis non, parce qu'après tout la journée y fut consacrée. D'abord avaler quelque chose : Adrian se traîne à la cuisine en début d'après-midi pour y faire un udon, soupe de nouilles épaisses, mais ni l'un ni l'autre sommes capables d'en avaler plus que quelques bouchées. Un peu d'air frais : Trish, une amie rencontrée la veille, nous amène au parc principal de Sakata. Laite à mort. Les arbres sont morts, le sol est mouillé, le ciel est gris. N'empêche que la promenade nous ravigote et nous allons bavarder un peu dans un café du coin, devant lequel nous sommes assaillis par une « soccer mom » voulant pratiquer son anglais. Je me laisse tenter par un sandwich grillé fromage bacon (ça te replace un estomac, ça!) qui contient à ma grande surprise des tranches de bananes. Quand nous sommes suffisamment revigoté, nous pouvons faire un onsen pour finir de nous retaper. C'est là, bien sûr, que je pique une jasette à poil avec Adrian- nous parlons un peu de la question de la métaphysique bouddhiste. Un curry (crevettes frites, poisson frit, mozzarella fondu nappé d'une sauce au curry et tout ça sur un matelas de riz.. ridicule) et nous sommes de retour chez Adrian en bien meilleure forme que nous l'étions un peu plus tôt, mais quand même très fatigués. Allez, cette nuit ce sera du couchsurfing et non du couchpassingout.

Mot du jour : futsukayoi (lendemain de veille)