lundi 15 décembre 2008

Et on ferme la parenthèse!

Je suis venu à un cheveu près d'intituler l'entrée « Le retour du flâneur », mais je crois que je me serais dégoûté moi-même en faisant référence à Beau Dommage... une autre fois peut-être! Dans une vingtaine d'années peut-être! Mais c'est quoi cette histoire de parenthèse? C'est que, voyez-vous, je viens de revenir à Tokyo, j'ai l'impression de boucler la boucle, que ce petit tour du Japon « yinqu'su'ne gosse » n'était qu'une sorte de.. poupée russe, une boîte dans une autre boîte. Donc, je referme la parenthèse et je reviens sur les lieux de mes premières aventures avec le sentiment d'en avoir fait autant que je le pouvais.

Au début, j'étais supposé faire un arrêt à Utsunomiya qui, sur la carte, se situe à mi-chemin entre Tomioka et Tokyo. Cependant, en allant vérifier les horaires et les tarifs de train, je réalise que ça va prendrait soit : 4 heures de train et 3,800¥ pour Utsunomiya, soit 4h de train et 4,000¥ pour aller directement à Tokyo. Hmm. Si je choisis d'aller à Tokyo, je n'ai pas d'hôte parce que c'est très difficile d'en trouver et je suis un peu à la dernière minute. D'un autre côté, je n'ai qu'une nuit d'hébergement garanti à Utsunomiya. Ah, pis au y'ab les p'tites villes de crotte, j'en ai soupé des villes gravitant autour de leur pachinko et où y'a des boules de foin et de poussière qui flottent d'un bord à l'autre de la rue principale - je veux revoir les lumières de New Edo! Hop, une petite réservation dans l'auberge la moins chère de toute la ville et me voici dans le train à mijoter « le coup du gaijin ».

Ouais, ouais, je vous explique ce qu'est le « coup du gaijin », mais avant, je tiens à vous dire que c'est la première fois que je tente l'expérience et que c'est une chose à tenter qu'en derniers recours; je me sentirais trop mal d'abuser de la confiance de ces braves Japonais. C'est qu'il est vraiment facile de « frauder » les systèmes de transports en commun ici. Il n'y a pas de contrôles de billets dans les trains locaux. Donc, il s'agit d'acheter un billet d'une station seulement à la station de départ, le composter et entrer dans le train. Selon les distances, il peut y avoir plusieurs transferts à effectuer - l'important est de rester dans les trains locaux, et non les « limited express ». À la gare d'arrivée, aux tourniquets à la sortie, prendre un air innocent et oublier tout son japonais et dire que le billet est introuvable, qu'il a dû tomber quelque part. À ce moment, le préposé demandera qu'elle était la station de départ : lui répondre sur le ton d'excuse que c'était la station précédente, ou une station pas trop loin pour ne pas trop pousser l'audace. Le tour est joué. Finalement, je n'ai même pas eu à mettre le plan à exécution parce qu'en arrivant à la gare de Kita-senju, j'ai pu tout de suite aller aux lignes de métro et sortir de la station sans être contrôlé. Je me sens tout mal, mais je me dis que l'argent économisé m'aidera à payer mes deux nuits au Yadoya Guesthouse.

La chose intéressante à propos du Yadoya Guesthouse (mis à part le prix d'entrée dérisoire.. presque inquiétant), c'est qu'il se situe dans un coin de la ville où je n'ai jamais mis les pieds, Nakano, « arrondissement » à 5 minutes en train à l'ouest de Shinjuku, donc assez central. Je fais mon check-in et je demande à l'employée où se trouve la chambre. Elle délègue un petit bonhomme (un petit teigneux!) pour m'indiquer l'endroit. Nous sortons de la réception, nous retournons sur l'avenue principale, vers la gare. Le dortoir est à quelques 15 minutes de marche de la réception! C'est un vieux bâtiment collé sur la ligne de chemin de fer : à chaque passage de train, l'édifice vibre. À part ça, la cuisine est grosse comme mon cul (excusez les gros mots!), mais somme toute plus conviviale et surtout plus propre que celle du Crib. Le dortoir, à huit lits, est plutôt exiguë, mais le lit est confortable. C'est jouable.

Comme la faim me saisit vers 17h, je sors et explore un peu les environs. Pourquoi pas essayer d'aller à pied à Shinjuku, sous cette presque pleine lune? Sur le chemin, je m'arrête au Yoshinoya pour un bon gyudon. Me voyant peiner avec les baguettes, le serveur en chef a le culot de me proposer une fourchette - je suis un peu gêné et un peu fâché. Je suis parfaitement capable de manger avec des baguettes, c'est juste que j'ai eu le loisir de remarquer que ma technique n'avait rien d'élégant, un peu comme ma façon de tenir un crayon. À chaque repas, j'essaie donc de me corriger et ça me fait paraître plutôt nul. À Shinjuku, ça me fait plaisir de retrouver la foule, les lumières, le son. Je prends un moment à m'imbiber de tout ça pendant qu'un écran géant crache « Poupée de cire, poupée de son ». Peu après, je me dis que ce serait chouette de retourner en haut de l'observatoire des Metropolitan Towers pour avoir une vue de Tokyo toute illuminée en ce vendredi soir. Ouaip, ça en vaut la peine, là, c'est la Tokyo futuriste telle qu'on la voit dans les films.

Ouaip, ça fait plaisir d'être de retour en ville.

Mot du jour : ohashi (baguettes)

2 commentaires:

Jeannette a dit…

C'est difficile d'être malhonnête dans la famille... suffit qu'on se retrouve pris la main dans le sac pour qu'on sorte nos yeux de manga larmoyants en avouant notre méfait sur le coup.

Furan a dit…

Ouais, c'est clair, je me sentais comme dans 'Tell-tale Heart' d'Edgar Poe.