mercredi 17 décembre 2008

C'est sans tambours ni trompettes que j'écris cette dernière entrée de blogue - je dois partir de chez Steve dans moins de dix minutes pour aller prendre mon avion à l'aéroport de Narita. Un gros merci à tous ceux qui m'ont lu, aux lecteurs actifs comme aux lecteurs silencieux. On se revoit à Noël et je vous raconte le reste du voyage!

Mot du jour : kae(ru) = rentrer

lundi 15 décembre 2008

Sauver l'environnement les poches pleines de cochonneries

Dès ce matin, après une nuit moins violente que je l'aurais imaginée (les trains..), je crois un Japonais dans la cuisine du Yadoya. Il se présente, Tadashi c'est son nom, et tout de go, il me demande si ça me chante de l'accompagner à une espèce de foire aux produits écologiques sur l'île artificielle de Odaiba. Uhhh *me frotte les yeux* okay. Nous partons 15 minutes plus tard. Très sympathique ce Tadashi, un anglais irréprochable, 26 ans, très allumé, très ouvert. Lui veut aller à la foire pour ramasser des pamphlets et, possiblement, établir des contacts d'affaire. Moi, je ne fais que le suivre comme un chien de poche, heureux de me faire traîner à cet événement, ma foi, intéressant, mais où je ne serais jamais aller autrement. Surtout, c'est gratuit! Même la navette qui part de la gare de Tokyo est gratuite! 

À l'entrée du hall d'exposition (G-I-G-A-N-T-E-Sque), il y a la machine à café la plus évoluée qu'il m'ait été donné d'essayer. Tout est informatisé, on choisit l'intensité du grain, la part de crème, de sucre, etc, etc. Pour ce qui est de l'expo en soit, c'est assez chouette : à chaque stand, ils remettent un questionnaire qui, une fois rempli (que les réponses soient exactes ou non!) donne droit à un petit cadeau. Alors pendant que Takashi s'intéresse aux innovations écologiques, moi comme un bambin, je ramasses les cochonneries. C'est pas ma faute à moi si tout est écrit en japonais et que je n'ai pas les connaissances nécessaires pour tout comprendre!

De retour au Yadoya, Takashi et moi tentons de cuisiner, mais l'expérience n'est pas toute à fait couronnée de succès. Suite à cet échec, je me tape une petite séance de télévision japonaise. D'ordinaire nulle à chier, le Yadoya a le satellite - j'écoute donc du Mah-Jong professionnel ainsi qu'un combat de lutte féminine avant d'aller me mettre à l'horizontale.

Mot du jour : kotatsu (table basse chauffante dont je vous ai parlé, mais dont le nom m"échappe à chaque fois.. sorry, aucun lien cette fois!)

Et on ferme la parenthèse!

Je suis venu à un cheveu près d'intituler l'entrée « Le retour du flâneur », mais je crois que je me serais dégoûté moi-même en faisant référence à Beau Dommage... une autre fois peut-être! Dans une vingtaine d'années peut-être! Mais c'est quoi cette histoire de parenthèse? C'est que, voyez-vous, je viens de revenir à Tokyo, j'ai l'impression de boucler la boucle, que ce petit tour du Japon « yinqu'su'ne gosse » n'était qu'une sorte de.. poupée russe, une boîte dans une autre boîte. Donc, je referme la parenthèse et je reviens sur les lieux de mes premières aventures avec le sentiment d'en avoir fait autant que je le pouvais.

Au début, j'étais supposé faire un arrêt à Utsunomiya qui, sur la carte, se situe à mi-chemin entre Tomioka et Tokyo. Cependant, en allant vérifier les horaires et les tarifs de train, je réalise que ça va prendrait soit : 4 heures de train et 3,800¥ pour Utsunomiya, soit 4h de train et 4,000¥ pour aller directement à Tokyo. Hmm. Si je choisis d'aller à Tokyo, je n'ai pas d'hôte parce que c'est très difficile d'en trouver et je suis un peu à la dernière minute. D'un autre côté, je n'ai qu'une nuit d'hébergement garanti à Utsunomiya. Ah, pis au y'ab les p'tites villes de crotte, j'en ai soupé des villes gravitant autour de leur pachinko et où y'a des boules de foin et de poussière qui flottent d'un bord à l'autre de la rue principale - je veux revoir les lumières de New Edo! Hop, une petite réservation dans l'auberge la moins chère de toute la ville et me voici dans le train à mijoter « le coup du gaijin ».

Ouais, ouais, je vous explique ce qu'est le « coup du gaijin », mais avant, je tiens à vous dire que c'est la première fois que je tente l'expérience et que c'est une chose à tenter qu'en derniers recours; je me sentirais trop mal d'abuser de la confiance de ces braves Japonais. C'est qu'il est vraiment facile de « frauder » les systèmes de transports en commun ici. Il n'y a pas de contrôles de billets dans les trains locaux. Donc, il s'agit d'acheter un billet d'une station seulement à la station de départ, le composter et entrer dans le train. Selon les distances, il peut y avoir plusieurs transferts à effectuer - l'important est de rester dans les trains locaux, et non les « limited express ». À la gare d'arrivée, aux tourniquets à la sortie, prendre un air innocent et oublier tout son japonais et dire que le billet est introuvable, qu'il a dû tomber quelque part. À ce moment, le préposé demandera qu'elle était la station de départ : lui répondre sur le ton d'excuse que c'était la station précédente, ou une station pas trop loin pour ne pas trop pousser l'audace. Le tour est joué. Finalement, je n'ai même pas eu à mettre le plan à exécution parce qu'en arrivant à la gare de Kita-senju, j'ai pu tout de suite aller aux lignes de métro et sortir de la station sans être contrôlé. Je me sens tout mal, mais je me dis que l'argent économisé m'aidera à payer mes deux nuits au Yadoya Guesthouse.

La chose intéressante à propos du Yadoya Guesthouse (mis à part le prix d'entrée dérisoire.. presque inquiétant), c'est qu'il se situe dans un coin de la ville où je n'ai jamais mis les pieds, Nakano, « arrondissement » à 5 minutes en train à l'ouest de Shinjuku, donc assez central. Je fais mon check-in et je demande à l'employée où se trouve la chambre. Elle délègue un petit bonhomme (un petit teigneux!) pour m'indiquer l'endroit. Nous sortons de la réception, nous retournons sur l'avenue principale, vers la gare. Le dortoir est à quelques 15 minutes de marche de la réception! C'est un vieux bâtiment collé sur la ligne de chemin de fer : à chaque passage de train, l'édifice vibre. À part ça, la cuisine est grosse comme mon cul (excusez les gros mots!), mais somme toute plus conviviale et surtout plus propre que celle du Crib. Le dortoir, à huit lits, est plutôt exiguë, mais le lit est confortable. C'est jouable.

Comme la faim me saisit vers 17h, je sors et explore un peu les environs. Pourquoi pas essayer d'aller à pied à Shinjuku, sous cette presque pleine lune? Sur le chemin, je m'arrête au Yoshinoya pour un bon gyudon. Me voyant peiner avec les baguettes, le serveur en chef a le culot de me proposer une fourchette - je suis un peu gêné et un peu fâché. Je suis parfaitement capable de manger avec des baguettes, c'est juste que j'ai eu le loisir de remarquer que ma technique n'avait rien d'élégant, un peu comme ma façon de tenir un crayon. À chaque repas, j'essaie donc de me corriger et ça me fait paraître plutôt nul. À Shinjuku, ça me fait plaisir de retrouver la foule, les lumières, le son. Je prends un moment à m'imbiber de tout ça pendant qu'un écran géant crache « Poupée de cire, poupée de son ». Peu après, je me dis que ce serait chouette de retourner en haut de l'observatoire des Metropolitan Towers pour avoir une vue de Tokyo toute illuminée en ce vendredi soir. Ouaip, ça en vaut la peine, là, c'est la Tokyo futuriste telle qu'on la voit dans les films.

Ouaip, ça fait plaisir d'être de retour en ville.

Mot du jour : ohashi (baguettes)

samedi 13 décembre 2008

Nouvelle formule avec maintenant 20% de vraies aventures!


Je ne veux pas passer pour le gars blasé, je sais que j'ai une chance inouïe de pouvoir flâner comme ça dans tout le Japon à rencontrer des gens, voir des lieux, etc, mais je sens l'énergie et la volonté diminuer. Le Japon, c'est diversifié, mais extrêmement homogène, vous savez? Une ville japonaise, que ce soit au nord ou au sud, ça reste une ville japonaise, avec ses pachinko, ses karaokés, ses restaurants, ses combinis.. Je recommence à reprendre une routine, avec un déplacement aux deux jours, un nouvel hôte qui enseigne l'anglais. Peut-être qu'il est temps que je rentre à Tokyo. Je reste donc jusqu'au début de l'après-midi chez David, il n'est pas aller au boulot parce qu'il ne peut tout simplement pas se tirer hors du lit. Ça m'embête un peu de le laisser comme ça, mais je voulais voir Sendai avant de partir. Ça me semble être une ville agréable pour y vivre, mais question tourisme, y'a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Je me balade dans les arcades commerciales afin de voir si je ne pourrais pas penser à quelques suggestions pour Noël. Difficile de penser à quoique ce soit : si j'ai des idées-cadeaux, c'est pour des trucs qu'on ne peut se procurer qu'ici. Bah.

J'arrive à Tomioka en soirée. À la gare, je suis abordée par une étrangère qui me demande si j'attends quelqu'un - c'est elle aussi une enseignante d'anglais, une Néo-Zélandaise. Elle connaît mon prochain hôte, Scott Walkington (un Français!), qui débarque quelques minutes plus tard. Scott, visiblement heureux de pouvoir converser en français avec quelqu'un, m'amène au bar Kookai et me paie la traite; les employés du bar comptent parmi ses meilleurs amis. Au bar, ils ont une machine qui fait un col parfait à une Guinness « flate » avec des micro-vibrations, vous avez déjà vu ça? Au retour, il me fait écouter Mon voisin Totoro, un film d'animation du grand Miyazaki (et, paraît-il, le anime le plus adulé de tous les temps).

Le lendemain, Scott prend le temps de m'amener à la plage de Tomioka sur le bord du Pacifique. Je vous ai dit qu'il faisait infiniment plus chaud sur le rivage oriental du Japon? Au moins cinq degrés de différence en tout temps, à la même latitude. La plage de Tomioka est assez chouette en soi, avec des falaises escarpées et des paysages qui rappellent le Rocher Percé (oui oui!). Sur midi, nous allons bouffer chinois.. bouffer chinois au Japon, une première! Un petit café au village électrique (une reproduction des maisons de Pierre et Marie Curie et Einstein) et Scott doit rappliquer au boulot. Pendant ce temps, je vais me claquer un onsen réflexif à Yonomori, le « bois de la nuit », lieu de la plus grande allée de cerisiers du Japon (impossible, bien sûr, de les observer en hiver).

Mot du jour : chuuka ryoori (cuisine chinoise)

vendredi 12 décembre 2008

Matsushima eh.. e-eh, Matsushima, eh.. Matsushima, eh..


Matsushima, « Îles de pins », c'est l'un des trois plus beaux panoramas du Japon. Basho, le célèbre poète, aurait écrit : « Matsushima ah! A-ah, Matsushima, ah! Matsushima, ah! », comme foudroyé par la beauté du site, tant que les mots ne peuvent la décrire. Ça vaut donc la peine d'y faire un petit détour, non? Surtout que c'est à 20 minutes de Sendai en train. Le problème c'est que, con comme je suis, je ne planifie pas trop mes affaires et je débarque à la station Matsushima, un peu à l'écart des sites touristiques. La bonne station, c'est Matsushima-Kaigan (rivage), mais ça, je ne l'apprendrai que plus tard. Ça me prend donc une bonne demi-heure de marche à travers le port et les innombrables restaurants d'huîtres fraîches avant d'arriver à quelque chose qui ait de l'allure. Je traverse un long pont vermillon qui se rend jusqu'à une île, la Fuukura-jima. De là, on a quelques bonnes vues sur les petits îlots recouverts de pins de la baie de Matsushima. Ça ressemble à une bonne vieille peinture de paysage à l'encre. Mais.. je sais pas.. c'est peut-être moi, peut-être que c'est le ciel gris, lourd et éblouissant, mais je me sens tout bof, si bien que je n'apprécie peut-être pas autant que je l'aurais dû, ou que je me serais l'imaginer le faire. C'est très joli tout ça, et c'est probablement dans mon « top five » de trucs vus au Japon, mais ça manque de.. ça manque de naturel je crois. Les plus beaux panoramas, ce sont ceux que l'on se crée nous-mêmes, à force de marche, d'efforts, pas ceux qu'on nous donne tout cuit dans le bec. Le Japonais moyen préfère cette expérience, je crois, celle d'aller avec la masse dans un endroit pré-défini, devant la beauté, mais loin de l'inconnu. Je me traîne ensuite jusqu'au Zuigan-ji, un temple pas mal du tout, mais qu'il me faut visiter à la hâte à cause du retard que j'ai pris précédemment.

Avant de rentrer chez David, j'arrête à la gare de Sendai - je lui avais promis que je ramasserais deux ou trois trucs pour le souper. J'achète donc des pâtes, une baguette, un camembert et un pâté (merci pour les magasins d'importation!). Un petit souper tout à l'européenne, mais bon dieu que ça fait du bien! David me fait découvrir quelques comédies britanniques avant de se mettre au lit - il est tout ankylosé, tout fatigué, c'est un bon rhume qui se prépare.

Mot du jour : chiizu (fromage)

De nouveaux sommets


Un petit au revoir tout endormi, mais très senti à ce cher Adrian avec qui je me suis super bien entendu - à moi maintenant d'aller vers de nouvelles aventures. Se rendre à la gare de Sakata, déjà, c'en est tout une. Pas que ça soit compliqué, non, mais je suis un peu serré dans le temps et j'y mets 40 minutes d'un pas très vigoureux. Je saute dans le train d'un bon acrobatique et j'éponge la sueur sur mon front. Entre Sakata et Sendai, ma nouvelle destination, j'espère faire un arrêt à Yamadera, un autre lieu qui porte si bien son nom (« temples de montagne »). Je fais un transfert d'une demi-heure dans une ville couverte de neige, juste le temps d'engloutir une ramen au torimotsu. « Tori », c'est volaille, mais « motsu », je ne savais pas trop.. ben je sais maintenant ce sont les parties « autres » du poulet, genre les abats, le foie, des os mous. Pas ce que l'on pourrait appeler de la grande gastronomie, mais ça se bouffe.

J'espère trouver Yamadera sous la neige, mais ça fond à vue d'oeil ; la neige ne tient probablement jamais très longtemps à ce temps-ci de l'année. Lorsque j'y arrive finalement, on dirait que je viens de déboucher au printemps, dans une journée du début d'avril : un grand soleil bien chaud, un peu de neige collante au sol et de la flotte. Faut faire attention parce que les temples de Yamadera, à flanc de montagne, sont à l'ombre d'une forêt de pins géants - de temps à autres, de lourds projectiles mouillés viennent s'abattre à mes pieds. Le site en soi est franchement quelque chose. Il faut gravir plus de 1,000 marches (paraît-il, je ne les ai pas comptées) avant d'atteindre le point d'observation le plus haut. Du sommet, on peut voir la vallée emmitouflée dans les montagnes, toute enneigée comme un village de Noël avec sa ligne de train qui la pourfend. Ma seule déception c'est qu'aujourd'hui les temples sont fermés (lundi), je n'ai donc pas pu voir la fameuse flamme apportée il y a plus de mille ans par un moine de l'Enryaku-ji.

Reste que, malgré toute la beauté du site, ça ne sert à rien de s'y éterniser plus de deux heures. C'est donc avec un peu d'avance que je débarque à Sendai, le temps de flâner un peu dans les kiosques de bouffe et les magasins d'importation. Je bouffe des pringles malais et bois une liqueur hawaïenne. Je rejoins finalement David et n'ai aucun mal à le repérer - c'est le gaijin de 6 pieds 3, un Britannique. Un court arrêt chez lui pour déposer mes affaires et nous allons boire une bière en regardant le « skyline » de Sendai à partir du site de l'ancien château.

Mot du jour : yuki (neige)

jeudi 11 décembre 2008

Les lendemains de veille japonais


Qu'est-ce qu'ils ont de si différents les lendemains de veille japonais? Kyle de Takayama, je m'en rappelle, s'était réveillé un bon matin en les maudissant et voilà qu'Adrian, lui aussi, se met à les damner. Un lendemain de veille, c'est un lendemain de veille, non? C'est international? À en croire mes gentils hôtes, la gueule de bois nipponne serait plus vicieuse, plus incisive. Dans l'état dans lequel je suis, ces questions de variations ne m'intéressent que très peu, j'essaie d'abord de retrouver mon aplomb. Je vous épargne les détails de cette lente ré-éducation à la vie normale... oh, et puis non, parce qu'après tout la journée y fut consacrée. D'abord avaler quelque chose : Adrian se traîne à la cuisine en début d'après-midi pour y faire un udon, soupe de nouilles épaisses, mais ni l'un ni l'autre sommes capables d'en avaler plus que quelques bouchées. Un peu d'air frais : Trish, une amie rencontrée la veille, nous amène au parc principal de Sakata. Laite à mort. Les arbres sont morts, le sol est mouillé, le ciel est gris. N'empêche que la promenade nous ravigote et nous allons bavarder un peu dans un café du coin, devant lequel nous sommes assaillis par une « soccer mom » voulant pratiquer son anglais. Je me laisse tenter par un sandwich grillé fromage bacon (ça te replace un estomac, ça!) qui contient à ma grande surprise des tranches de bananes. Quand nous sommes suffisamment revigoté, nous pouvons faire un onsen pour finir de nous retaper. C'est là, bien sûr, que je pique une jasette à poil avec Adrian- nous parlons un peu de la question de la métaphysique bouddhiste. Un curry (crevettes frites, poisson frit, mozzarella fondu nappé d'une sauce au curry et tout ça sur un matelas de riz.. ridicule) et nous sommes de retour chez Adrian en bien meilleure forme que nous l'étions un peu plus tôt, mais quand même très fatigués. Allez, cette nuit ce sera du couchsurfing et non du couchpassingout.

Mot du jour : futsukayoi (lendemain de veille)

Le jour le plus long


« Dans la mythologie japonaise, les mauvais esprits se trouvent au nord-est. » C'est ce que m'avait enseigné un écriteau près du château de Kumamoto. Eh bien, c'est précisément là où je vais aujourd'hui, au nord-est, dans le Tohoku, il me sera alors donner de vérifier si ce que l'on dit est vrai. S'y rendre, d'abord, c'est toute une histoire. Comme d'hab, je dois prendre les trains locaux pour économiser un peu d'argent ; mais qui dit trains locaux dit très long et très pénible. Au total, j'aurai à transférer 6 fois et la plupart du temps dans des bleds infâmes. Pour les amateurs de statistiques, ça me prendra finalement 12h30 pour me rendre à destination dont 4 heures en transit. Deux choses, peut-être, à retenir de ce périple : d'abord l'hôtel désaffecté visité dans une ville de transit balayée par le vent. Un hôtel tout abandonné, mais dont on n'a pas fermé les issues. Il est encore possible de se balader à travers les décombres, les meubles démolis et les miroirs fracassés dans une atmosphère de post-jishin (tremblement de terre). À part ça, la neige qui se met de la partie au fur et à mesure que j'avance vers le nord. La neige, la grêle, puis rien, puis re-la neige, si bien que lorsque j'arrive à Sakata (« Champs de riz pour le saké »), ma destination, - maudite? -, la ville est couverte d'un glaçage neigeux. Adrian m'y accueille : « Il est moins dodu que sa photo couchsurfing le laissait présager », que je me dis. Adrian est un Irlandais à la bouille fort sympathique et un visage un peu dégelé par la bière, parce que lui et une poignée de ses amis JET sortent tout juste d'un karaoke nomihodai (consommations à volonté). Je fais alors connaissance avec une bande de joyeux lurons imbibés pensant déjà à leur prochaine destination, le bar Raja. Mais pour s'y rendre à ce Raja, c'est un peu compliqué, principalement parce que, bien qu'il y ait une voiture, il n'y a pas de conducteur désigné. Ils me demandent si je sais conduire, si je ne pourrais pas les amener à bon port. Après un moment à peser le pour et le contre et de finalement m'être laissé convaincre par l'offre collective de me payer les consommations pour toute la soirée, je conviens finalement de tenter ma chance (ce qui est tout à fait illégal, mais... bon, faut bien vivre bordel). C'est donc sous la neige, dans une voiture qui ne m'appartient pas peuplée de cinq anglophones rencontrés pour une première fois et qui essaient de me parler simultanément que je conduis pour la première fois de ma vie sur la gauche. Tout se déroule sans accrochages et /// je reprends connaissance tout habillé sur le futon d'Adrian.

Sakata porte bien son nom.
Putain, Sakata porte bien son nom.

Mot du jour : hidari (gauche)

mardi 9 décembre 2008

Ashikaga


Journée à la température incertaine tout de même consacrée à un peu de randonnée plus ardue que prévue. Ashikaga est à environ une dizaine de kilomètres de Honjo, mais je dois aller transférer à l'autre bout du monde et ça me prend finalement trois heures pour m'y rendre. Là, il y a la Ashikaga Gakko, une des plus, sinon la plus ancienne école du Japon ayant été fondée au huitième siècle. Pour ma part, fidèle à mes habitudes, je vais me perdre dans un sentier de montagne traversant un croissant de collines parsemé de petits temples et autels. À Ashikaga, on peut encore voir les koyo ou feuilles d'automne. Le ciel s'assombrit et la piste augmente en difficulté - je ne blague pas, ça frôlait parfois l'escalade. J'entends quelque chose bouger dans la forêt, probablement un sanglier. La pluie commence à tomber ; je suis protégé par les arbres, mais le sol va bientôt devenir glissant, je ferais mieux de rentrer. Sur le chemin du retour, j'aperçois un shack désaffecté avec une chèvre à l'intérieur, à travers toute sorte de débris.

Le soir, Eddie m'amène au Studio Boogie où j'assiste à son enregistrement en me tapant quelques canettes. Il fait ses chansons en version acoustique pour ensuite pouvoir les apprendre à son groupe. On ne rentre pas trop tard parce que demain, oh oui!, l'enfer m'attend!

Mot du jour : gakko (école)

lundi 8 décembre 2008

Tête de crevette


Je vais vous dire franchement, je n'ai pas grand-chose à raconter sur cette journée. Je quitte le domicile d'Erika assez tard, d'abord parce que ma prochaine destination n'est pas très loin, ensuite parce que je veux vérifier quelques trucs sur internet, ce que je n'ai pas toujours le loisir de faire. Je me retrouve donc à la gare de Honjo (préfecture de Sataima) sur les vingt heures, ayant fait un peu de pratique pour ma journée de vendredi - vous comprendrez plus tard - et Eddie, mon hôte, vient me chercher à la gare accompagné de son ex-petite amie. Eddie, un Américain de Phoenix, m'indique à ma grande surprise qu'il n'est pas un professeur d'anglais. Plutôt, il est venu au Japon pour faire de la musique. En effet, il fait partie d'un groupe et compose la plupart des chansons, il m'invite même à assister, jeudi soir, à l'enregistrement de quelques nouvelles pièces. Entre-temps, nous allons boustifailler quelque peu. Eddie (son nom d'artiste) commande des ebi-furai, de grosses crevettes panées. Il se demande s'il osera manger la tête. Manger la tête? Je lui dis que s'il le fait, je le fais aussi. Et voilà qu'avant de le réaliser, nous sommes en train de mastiquer la grosse tête croustillante de la crevette avec les pattes, les énormes yeux noirs, et dieu sait quoi. Pas mauvais. Une autre bière chez Eddie, quelques épisodes de South Park et hop! au lit. Une journée d'exploration m'attend demain.

Mot du jour : ebi (crevette) atama (tête)

Subaru in the Sky With Diamonds


Que de changements au programme! La première idée, c'était d'aller au Onsen des Singes - une source thermale où les singes vont faire trempette en hiver. J'y tenais vraiment, mais la question budget m'a arrêté net ; en tout, la journée m'aurait coûté $80 et, à ce point ci, je ne peux pas me le permettre. Ensuite, je m'étais dit que je pourrais aller à Bessho Onsen, un ancien village reconnu pour ses sources et ses temples et ensuite aller faire un tour à Nagano en après-midi. Mais, encore une fois, le jeu n'en valait pas la chandelle et puis on m'a dit que Nagano, exception faite du temple principal, n'était pas exactement un 'must-see'. Tant pis, il me faut bien quelques raisons pour revenir au Japon.

Le matin, j'aide Erika à dégivrer les vitre de sa voiture et elle vient me reconduire à la gare de Nakagomi. Mon train est dans une demi-heure. Ce qui est intéressant, c'est que la gare n'est pas chauffée (comme beaucoup de choses au Japon il faut croire). Plutôt, il y a une sorte de foyer central autour duquel les gens se massent, plutôt sympathique. Je fais un transfert à la gare de Ueda, là où à ma grande surprise l'affichage est en japonais d'abord, puis en français (je ne sais toujours pas pourquoi... les jeux olympiques, peut-être?) et j'arrive à Bessho Onsen vers 11h. Une journée grandiose avec un ciel tout bleu et tout ouvert et une température qui monte, une fraîcheur d'une journée d'avril. Je prends d'abord une heure pour aller me promener du côté des temples, qui sont très chouettes. Des trucs vieux d'un millénaire. J'y vois même la seule pagode octogonale du Japon (chaque temple a une particularité, pas toujours intéressante, qui fait son renom). Après les temples, c'est l'heure des bains. Je fais le « bain de la roche », une petite institution très traditionnelle : pas cher, tout petit et ça sent le vrai. Par chance, je suis le seul au bain qui, de toute façon, pourrait contenir environ cinq personnes au maximum. Comme ça m'a coûté 150¥, je ne m'efforce pas de rentrer dans mon argent outre-mesure et je me dirige rapidement vers un deuxième onsen, presque voisin du premier. Celui-ci se nomme le « bain des moines » et on le reconnaît à son odeur de souffre, d'oeufs pourris. C'est un peu comme le sirop pour la toux qui fait sa promotion en vantant son goût horrible (si ça goûte mauvais, c'est que c'est efficace). L'odeur infernale de l'eau garantie en quelque sorte ses effets bénéfiques et, au moins, il est possible de se doucher après le bain (ce qui, on m'a dit, n'est pas possible dans tous les onsen).

Revigoté, j'entreprends le « hiking course » en après-midi. Environ deux heures de marche à travers ce que les Japonais nomment le « Kamakura (vous vous souvenez?) des Alpes ». Des montagnes à gauche, à droite, des paysages qui n'en finissent plus, impossibles à prendre en photo parce que trop vastes et des temples en retrait, abrités par la forêt. Lorsque je rentre à Saku, il est 19h et tout de suite, avant même de souper, je pars avec Erika en direction de l'Astrodome, un observatoire. Le ciel était si dégagé ces dernières nuits qu'on s'était dit qu'il fallait absolument aller le voir de plus près. On a donc eu droit à un présentation tout en japonais sur les différentes étoiles, planètes et constellations, dont Subaru, qui est un terme japonais ancien désignant la constellation de la Pléiade. Même sans télescope, le ciel était fantastiquement clair, même qu'on a eu droit à quelques étoiles filantes. Inoubliable.

Mot du jour : hoshi (étoile)

dimanche 7 décembre 2008

Shinpai shimasen

Ne vous inquietez pas, tout va bien. C'est seulement que je n'ai pas eu l'occasion de mettre le blog a jour ces derniers temps - et aujourd'hui n'est pas une exception. Demain, peut-etre, ou apres-demain. Entretemps, je voulais tout de meme vous donner davantage de precisions sur mes activites des derniers jours, j'elaborerai un peu plus lorsque cela me sera possible.

- mercredi, je suis alle a Bessho Onsen, petite localite dans les montagnes, non loin de Nagano. Vieux onsen traditionnels et balade dans les villages avoisinants. Le soir, vais regarder les etoiles avec Erika.
- jeudi, quitte pour Honjo. Bouffe des tetes de crevettes avec Eddie, mon hote rockeur.
- vendredi, passe la journee a Ashikaga, me balade sur un croissant de collines, de la flotte, de l'escalade. En soiree, j'assiste a une seance d'enregistrement d'Eddie.
- samedi, le jour le plus long : depart pour Sakata, huit heures de train, quatre heures en transit. Arrivee a Sakata sous la neige, je bois un peu trop en compagnie d'Adrian et de ses amis, retour, ma foi, extremement penible.
-dimanche, le lendemain de veille m'empeche d'escalader le mont Haguro. Je passe la journee avec Adrian et son amie Trish. Je peux rayer " discuter philosophie a poil avec un Irlandais " de ma liste de choses a faire.

Demain je vais sur Sendai, je commence tranquillement a redescendre vers Tokyo.. Plus qu'une semaine et demie.

Fran

mercredi 3 décembre 2008

À la recherche d'Asama (t'as pognes-tu)


Moi qui, au départ, ne voulait que visiter Nagano pour en avoir déjà entendu parler (ben, les Olympiques de 1998 tsé), je me suis laisser prendre hier soir dans un tourbillon de recommandations de choses à faire et à voir dans le coin. Un des amis d'Erika m'avait vivement suggéré d'aller me balader dans le coin du Mont Asama un volcan enneigé d'où s'échappe constamment un filet de fumée blanche. Il y a un sentier qui part de Karuizawa, un resort alpin et qui se rend au pied du dit volcan, parce qu'il est impossible d'en faire l'ascension (c'est l'un des plus actifs du Japon).

Avant, je dois faire ma lessive, je suis au bout de mes vêtements (même que je dois mettre le même t-shirt qu'hier, ish). Pour ce faire, je vais à la buanderie du coin. Mais toutes ces aventures rocambolesques me mettent en retard, si bien que je suis à Karuizawa vers 13h. Le soleil se couchant vers les 16h30, ça ne me laisse que très peu de temps pour entreprendre le parcours, qui fait 10KM. Néanmoins, je me dis que je vais essayer d'en voir le plus possible et j'entame donc une marche assez vigoureuse merci. J'arrive au sentier vers 14h00. C'est plutôt triste, je suis entre deux saisons : les arbres sont effeuillés, mais la neige est encore très rare. Ce qui est doublement décevant, c'est qu'à partir du sentier, je n'ai pas du vues sur Asama, même si je sais que j'en suis très près. Au final, j'ai le temps de voir une chute et je dois rebrousser chemin. Sur le chemin du retour, j'aperçois un sanglier sauvage qui bondit dans la forêt. Au début, je suis émerveillé, mais je me demande : « Et s'il se mettait à charger dans ma direction? ».

Et bien voilà, c'est pas mal ça. Ça ne fait pas un récit grandiose, mais il en faut bien de ces journées un peu moyennes. Au moins, j'ai pris un peu d'air frais et j'ai fait un peu d'exercice.

Mot du jour : inoshishi (sanglier) ou aussi yamakujira (« baleine de montagne »)

J'ai vu les « jo » du Japon


Dans un appart pas chauffé, avec des nuits frôlant le zéro celcius, le lever peut être particulièrement brutal. C'est bien beau dormir au chaud sous trois épaisseurs de couvertures dans un sac de couchage, mais faut bien s'en extirper le matin venu pour se traîner jusqu'à la douche. Ouais, parce que ce matin, j'ai décidé de me lever tôt, en même temps que Kyle qui doit aller bosser. J'ai vérifié les horaires d'autobus et le premier départ en direction de Matsumoto est à 7h50. J'arrive « ben flush » à la station et saute dans le bus pour un trajet de deux heures et demie d'émerveillement et de torture.

D'émerveillement et de torture? Be, pourquoi? Parce que les paysages sont sublimes; l'autobus passe dans un tunnel et, de l'autre côté, on a fait un bond de deux mois dans le futur - le flanc des montagnes est tout de blanc drapé et, de la route sinueuse sur laquelle nous roulons lentement, nous avons des vues incomparables sur le paysage à la fois calme et démonté, comme un océan en tempête, mais sans la violence. La route est par endroit glacée, tout est enneigé. La torture dans tout ça? La torture c'est que, encore un peu fatigué, je ne peux empêcher mes yeux de se fermer, je cogne des clous et pourtant j'essaie de résister.

À Matsumoto, ville encerclée par les Alpes japonaises, je me dirige tout de suite vers le château. Un de plus, mon troisième. Pourtant, celui-ci m'intéresse un peu plus; je me dis que du haut du dernier étage, on doit avoir une vue splendide des environs. Je dépose mon sac à la boutique de souvenirs (petite parenthèse pour dire à quel point les boutiques de souvenirs sont nulles au Japon... ni classe, ni kitsch, on y retrouve toujours les mêmes items, soit des boîtes de biscuits et autres friandises) et constate immédiatement que le château de Matsumoto se laisse photographier; tout en bois noir, ce qui lui confère une allure d'authenticité, il s'élève devant des cimes aux neiges éternelles et sous un ciel bleu azur. Le seul ennui c'est que, contrairement aux châteaux de Osaka et de Kumamoto, le dernier étage de celui de Matsumoto n'offre pas des panoramas sur la région : les fenêtres sont à demi-fermées, à demi-grillagées. Au moins je peux dire que j'ai vu les « jo » du Japon.

En début d'après-midi, je commence à marcher vers la 254, la route en direction de Saku, ma prochaine destination (Saku! Saku! Saku!). C'est que je veux faire du stop parce que sinon, il m'aurait fallu prendre un train jusqu'à Nagano et y transférer, trop long et trop cher. Sur la 254, à 40 minutes à pied du château, je marche une demi-heure et m'arrête une première fois à un endroit de choix. Je vois passer vingt-cinq voitures et continue à marcher. Un deuxième essai, vingt-cinq autres voitures (il passe environ 2 voitures à la minute), toujours rien, je continue. Troisième essai, vingt-voitures, non plus. Je m'apprête à poursuivre mon chemin et voici que la soixante-seizième voiture vient se garer tout prêt de moi. Le voici, mon lift! Deux gentilles femmes avec qui je bavarde un peu et qui m'apprennent un nouveau mot de japonais, celui pour « crépuscule », parce que je m'extasie devant le spectacle des couleurs du soleil couchant, couché, presque, et des montagnes qui n'en finissent plus de se déployer à l'horizon.

Elles me laissent au Jusco, un centre d'achat de Saku. Je m'achète une paire de gants au magasin à 100¥ et j'attends 18h pour donner un coup de fil à Erika. Elle vient me chercher et nous allons au restaurant pour fêter le départ de l'un de ses amis qui s'apprête à quitter le pays (Erika est une JET, tous ses amis sont des JET). C'est un restaurant de sushi sur convoyeurs. Si on voit quelque chose d'appétissant, on prend l'assiette. Une assiette, c'est deux morceaux de sushi pour la modique somme de 100¥, ce qui n'est pas si mal, même si les sushi sont, disons-le, de qualité moyenne. C'est un genre de fast-food de sushi.

Mot du jour : yuuyake (crépuscule)

mardi 2 décembre 2008

Restituer / Reconstituer


Hier soir, Kyle était sorti prendre un verre pour fêter le départ de l'un de ses amis JET. Je ne l'ai pas entendu rentrer. Ce matin, il est un peu à l'envers - c'est le lendemain de veille. En l'attendant, je regarde ma partie du Canadiens sur internet, quel bonheur! Puis, vers midi, il semble filer un peu mieux et nous allons bouffer un ramen dans une marmite. Plus tard, Danae nous reconduit jusqu'au début d'un sentier touristique parcourant les principaux temples de la région. Nous avons de la chance parce que nous sommes seuls, personne pour déranger nos flâneries. Danae, après son lavage, nous rejoint à la fin du sentier. Tous les trois, nous allons au village de Hida, une reconstitution d'un village de montagne traditionnel, pendant que quelques flocons viennent se poser sur le sol. En fait, le village n'est ni original, ni fabriqué de toutes pièces : on a pris des maisons authentiques et on les a disposés de manière esthétique. C'est bien, surtout que nous sommes les seuls touristes sur place. En soirée, Kyle va faire une partie de basketball avec quelques amis. Moi, je m'organise pour souper pour pas trop cher : deux cannes de thon en miettes sur du riz. Aussitôt rassasié, je sors faire mes derniers adieux à Takayama, une ville chaleureuse aux dimensions humaines (ce qui n'est pas donné à toute ville japonaise). Sur la rue principal, devant un pub, un visage occidental m'aborde. Je m'arrête, le gars me demande si je ne voudrais pas rentrer prendre un verre. Ah ben oui, pourquoi pas. Et voilà que je me retrouve avec trois Australiens à discuter autour d'une bonne bière. Pourquoi pas, eh?

Mot du jour : mura (village)

Un curry n'attend pas l'autre


À propos de la bouffe japonaise, je dois dire que ce qui m'a le plus étonné, c'est l'omniprésence du curry. À croire, presque, que c'est un plat traditionnel tant il est partout! Il y a des fast-foods spécialisés en curry et même que la section consacrée aux préparations de curry dans les supermarchés est d'égale dimension de celle dédiée aux soupes instantanées. Personne ne m'avait dit à moi que le curry faisait le régal des Nippons (avoir su, je l'aurais mis dans le petit sondage de crotte..)! Eh bien, aujourd'hui, j'ai eu l'occasion de manger du curry à deux reprises; une fois au dîner et une autre au souper et ce, dans une nouvelle ville, Takayama (« Grande montagne »).

De Nagoya à Takayama, en bus, je me laisse enchanter par les paysages - je pénètre dans les Alpes japonaises, que d'excitation! Arrivé à Takayama sur les 13h, je téléphone à Kyle, mon hôte, lui qui a eu la bonne grâce d'accepter ma requête couchsurfing il y a à peine 4 jours (je lui avais demandé il y a un mois, mais il était en Corée, je crois). Moi qui avait presque fait une croix sur l'idée d'aller à Takayama, quel plaisir de m'y retrouver enfin, même si c'est un peu frisquet!  Mais, la ville, qu'a-t-elle de si particulier? On dit d'elle que c'est la « petite Kyoto dans les montagnes » (un peu comme, en Europe, Amsterdam est la Venise du Nord et Budapest la Paris de l'Est) - on y retrouve en effet une jolie collection de temples très prisés par les touristes ainsi que de vieilles rues commerciales le tout dans un décor des plus enchanteurs.

Ai-je besoin de vous dire que Kyle est un JET? C'est un Américain qui nous vient de Columbus, Ohio (fervent partisan des Buckeyes, l'équipe de football universitaire de Ohio State) qui a fait son bac en japonais. Il est donc parfaitement bilingue, ce qui est assez impressionnant à entendre. Il vient me chercher à la gare avec l'une de ses bonnes amies, Danae et nous allons tous ensembles à un restaurant qui lui a été recommandé par un professeur avec qui il travaille. C'est un restaurant indien spécialisé en curry où il est possible de choisir l'intensité de son assiette. Trouvant les curry japonais doux (ce qui est vrai - rien de très épicé dans la bouffe japonaise en général), Kyle choisit l'intensité supposée « étonner même les Indiens » tandis que moi et Danae, méfiants, choisissons parmi les échelons inférieurs. 

Pendant que mon hôte et son amie vont faire un tour à la bibliothèque municipale, j'explore le centre-ville de Takayama. Zigzagues d'est en ouest, du nord au sud en ratissant nonchalamment une perle de ville qui, tout compte fait, mérite bien sa réputation de petite Kyoto : ça faisait des semaines que je n'avais pas pris tant de photos dans une seule journée. Je rentre vers 18h et retrouve Kyle en train de s'amuser avec un jeu de football sur console. Merde ce qu'il peut faire froid dans son appart! Il fait une dizaine de degrés dehors (et ça descend vers le zéro durant la nuit) et l'appart n'est pas chauffé! Heureusement, il y a la table à café chauffante, une merveilleuse invention. C'est une petite table basse carrée munie d'une couverte; pour s'en servir, il n'y a qu'à glisser ses jambes sous la couverte et actionner l'interrupteur, un vrai charme. 

Pour souper, Kyle fait dans le simple : je lui fournis des carottes, il va acheter des oignons et il refait un curry, cette fois à la japonaise. Comme le curry est assez doux, ça ressemble davantage à un ragoût. C'est soutenant, c'est chaud, ça fait du bien.

Demain, Takayama deuxième partie!

Mot du jour : kaare (curry)