mardi 30 septembre 2008

Quelques art-pents de pièges


 Nippori Crib... C'est comme si on disait Nippori Crime avec le nez bouché. C'est doublement drôle parce qu'en pensant au Nippori Crib, je me dis « crime... ». Crime que c'est lette, par exemple. Crime que les toilettes sentent la pisse. Crime que la cuisine semble avoir été depuis longtemps laissée à l'abandon. Crime qu'heureusement que ça me coûte des pinottes parce que crime que je crimerait mon camp d'icitte. Surtout que ce matin, je n'avais toujours pas de nouvelles du beau Kei. Un peu déprimé, j'ouvre mon ordinateur et je commence à regarder d'autres adresses, parce que je ne peux pas rester éternellement ici sans au moins avoir la clé de la chambre. C'est à ce moment que l'Ougandais vient me voir pour me dire que Kei est là. N'arrive pas à y croire. Je trotte jusqu'à son bureau (voir photo de la semaine dernière et le voici ahhh.. mais lui n'est pas tout doré comme le Juyoh l'était, c'est plutôt l'un des Japonais les plus taciturnes qu'il m'ait été donné de rencontrer. Il est jeune d'apparence, mais grognon comme un vieux. Il n'a pas l'air content de quelque chose. Quoi? Je sais pas, il se marmonne des trucs à lui-même. Et moi, ça me fait un peu chier qu'il soit bête, parce que s'il y a quelque chose, c'est moi qui devrait faire la baboune. Ça sert à rien de s'attarder là-dessus - sa présence me permet de régler deux problèmes : il me remet ma clé et il me montre comment avoir de l'eau chaude pour la douche (parce que matin, c'était assez l'enfer laissez-moi vous dire).


La clé me permet de sortir. Un peu trop tard pour faire l'excursion prévue pour aujourd'hui (que je remets à demain, anyway il pleuvasse encore), mais trop tard pour aller faire un tour au musée. Je choisis le Musée d'Art Moderne de Tokyo (MOMAT), situé en bordure des jardins impériaux, préfecture de Chidoya. La collection n'est pas trop impressionnante, mais comme il y a peu d'oeuvres (à vue de nez je dirais une quinzaine de sculptures et juste un peu plus d'une cinquantaine de tableaux) ça vaut la peine de s'attarder un peu plus longuement sur chacun d'entre eux. C'est moitié yôga (peinture de tendance occidentale), moitié nihonga (peinture japonaise). À noter - une grande toile de Shiraga Kazuo devant laquelle je m'arrête une bonne dizaine de minutes pour en scruter la surface dans ses moindres détails et pour formuler la conclusion suivante : elle a la même longueur et la même largeur que ma chambre (revenu au N. Crime je me rends compte que la toile était plus grande). Je fais aussi l'essaie du lave-cul à jets. J'avoue, j'étais assez réticent au début et si j'ai tenté l'expérience, c'était avant tout pour me donner de la matière pour le blog... n'empêche que, malgré tout l'exotisme de l'expérience, ça avait quelque chose de rafraîchissant. Comme boire un coke avec une tranche de citron dedans.

Plutôt que de vous raconter la fin de cette journée sans histoires, je vous laisse avec un petit quelque chose qui explique pourquoi on conduit à droite, sauf les Anglais et les Japonais : « Pourquoi conduisons-nous sur la gauche? C'était avant la règle plutôt que l'exception. Les Romains furent probablement les premiers à conduire à gauche, une habitude renforcé au quatorzième siècle par le pape Boniface VIII lorsqu'il conseillait aux pèlerins de garder leur gauche. Pour les cavaliers médiévaux, garder sa gauche signifiait que deux étrangers s'approchant l'un de l'autre étaient prêts à dégainer l'épée de la main droite. La controverse, toutefois, est attribuable aux Français. Durant la révolution, Robespierre ordonna aux Parisiens de conduire à droite, apparemment pour défier l'Église catholique. Quelques années plus tard, Napoléon, un gaucher, ordonna à ses troupes de garder la droite, possiblement afin de confondre l'ennemi et créant une tendance qui gagna toute l'Europe. L'Angleterre, n'ayant jamais été conquise par Napoléon, retint la tradition de conduite sur la gauche. » Omoshiroi desu ne? (intéressant n'est-ce pas?)

Mot du jour : bijutsukan (musée)

P.S. Encore désolé pour les photos, y'a problème ici.

P.P.S. Le voisin à côté n'est pas un golden-retriever, c'est un homme.

P.P.S. J'ai trouvé quelqu'un d'assez fin pour m'héberger quelques jours à Kyoto.. hip hip hip! hourra! hip hip hip!! hip! hip hip! wouaiiiiis!

lundi 29 septembre 2008

Déluge

Je me suis réveillé au beau milieu de la nuit avec le bras gauche mou comme une chaussette, sans aucune sensation. C'était la première fois que ça m'arrivait. Sur le coup, ça m'a fait freaker. Mais en y repensant, plus tard dans la journée, j'ai été pris d'un fou rire. 

Au revoir, Soleil Éternel (c'est à peu près ce que Juyoh signifie)! Le temps est venu de passer à autre chose et cette autre chose, c'est le Nippori Crib, dont je vous ai touché un mot la semaine dernière. Je dois laisser la chambre avant 10h et j'ai donné rendez-vous à Kei, manager du Crib, à 18h, j'ai donc quelques heures à tuer. Mais dehors, ça tombe assez raide, je ne sais pas trop c'est la queue de quel ouragan qu'on est en train d'avoir en pleine face, mais mettons que ça fouette. Une journée parfaite pour aller au musée, quoi. Seul problème; on est lundi et tous les musées sont fermés. Arg.

Toute cette eau me donne cependant l'envie irrésistible de me rapprocher de l'univers marin. Quel hasard, quelle coïncidence! - on trouve à Tokyo le plus grand marché de poissons au monde! Le marché de Tsukiji, comme on le nomme! J'accompagne donc mon parapluie vers ce lieu de perdition. Eh bien, c'est vrai que c'est plutôt immense comme marché, d'autant plus qu'il est constitué d'allées hyper étroites. J'y vois toute sorte de poissons dont je ne retiens pas les noms. J'y vois aussi, vers midi, des attroupements monstres devant les restaurants de sushi, évidemment réputés pour leur fraîcheur. Entre deux poissonneries, des magasins de bébelles diverses, des magasins de thé. Paraîtrait que la meilleure heure pour visiter, c'est très tôt le matin, parce que le marché est au comble de son activité et que les produits sont tous frais arrivés. Moi, j'aimerais y revenir le soir, après 22h, pour voir la place vide et pour pouvoir explorer ses recoins en paix.

L'aprem, je vais faire un tour du côté de Shibuya, le dernier gros quartier qu'il me restait à visiter. Sur le chemin, j'abandonne mon parapluie de voyage pour le remplacer par un vrai de parapluie. Le vieux, il ne fournissait plus et j'avais l'air d'un épais avec mes jeans détrempés. Je m'arrête aussi manger une pizza. Oui, une pizza! Faut savoir que les Japonais font la pizza sans sauce tomate... un peu comme les néo-brunswickois (comment ils s'appellent pour vrai?) font la poutine sans sauce brune. Pas mauvais. Un peu cher, mais de bouffer du fromage, ça m'émeut quand même. Et pour Shibuya en tant que tel... bien, je commence à confondre les Shinjuku, Harajuku, Ikebukuro et autres. Il est temps que je sorte de la ville! J'ai quand même pris une belle photo de la statue de Hachiko, ce gentil chien qui, selon la légende, a continué d'aller attendre son maître même après que celui-ci soit mort. Quelle fidélité!

Je retourne au Juyoh chercher mes bagages et me dirige, toujours sous l'averse, vers le Crib. 18h, Kei n'est pas là. 19h non plus - je vais à l'épicerie m'acheter des oreo et de la bière. 20h niet. 21h, j'en ai plein mon casse et je vais m'installer dans une chambre vide. La chambre (c'est sûrement) ce que je vais avoir en fin de compte) est plus petite qu'au Juyoh - je dors en hauteur et sous le lit se trouve un bureau d'où j'écris ce blogue. Les murs sont en papier mâché, alors j'espère que mes voisins ne seront pas trop bruyants. Sinon, ça va, la chambre est assez éclairée et le lit me semble invitant, sans compter que tous résidants que j'ai rencontrés jusque ici m'apparaissent ouverts et bienveillants. On verra bien. Toutefois, je n'ai pas encore la clé. Je prévoyais une expédition dès demain matin, mais il me faudra peut-être la remettre jusqu'à ce que je vois ce Kei de mes deux. De toute façon ils annoncent encore un peu de pluie demain, je suis probablement mieux de prendre mon mal en patience encore un peu.

Mot du jour : ame (pluie)
Engrish du jour : Une affiche à Tsukiji : « The market is crowded with lots of trucks, special vehicles and people. Be careful not to be injured all the time please. »

P.S. Les images viendront plus tard, il semble y avoir un petit problème de transmission.

P.P.S. Je crois que c'est un golden-retriever qui dort dans la chambre à côté.

dimanche 28 septembre 2008

François et la légende des Deux Chats


Celle là est pour toi Jeannette.

Comme convenu, une journée d'études. Je ressors mes sites d'exercices de japonais et j'y passe, pour ainsi dire, toute la journée, sauf un moment où je sors m'acheter du poulet frit (ben quoi, ils en vendent au supermarché et il est super bizarrement bon). Ok, tout ça ne mérite pas vraiment d'entrée de blogue, j'en conviens, et il n'était pas supposé y en avoir une à la base. Sauf que, un peu blasté d'avoir passé la journée à lire et à échafauder des stratégies, des plans et des budgets pour le mois à venir, j'ai cru nécessaire d'aller prendre une marche. Vers 22h. Et même si Tokyo, vous l'avez remarqué, est une ville passablement active, elle tombe raide morte le dimanche soir

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Et c'est précisément pourquoi la marche en valait la peine, tellement que je me suis convaincu d'y mettre plus d'efforts et de temps que prévu en choisissant de pousser jusqu'au Sensô-ji. Là, malgré l'affadissement des derniers jours, j'ai regagné momentanément mes yeux de nouveau-né et retrouvé ma faculté d'émerveillement. Personne. Pas un chat (en fait, oui, mais j'y reviendrai). Les habitants du pays du Soleil Levant ne connaissent-ils donc pas les vertus du soleil couché? Ahh, trêve de poésie de bas niveau (ça m'emmerde autant que vous). N'empêche qu'il y a quelque chose dans l'air qui me pousse à dégainer mon kodak et de mitrailler la ville de clic-clic-clics (putain, j'avais dit que j'arrêterais). Enfin, vous le voyez aussi bien que moi je l'ai vu il y a à peine une heure ou deux.



Chemin du retour, je me traîne les pieds. Je passe devant un temple shinto, perdu entre deux ruelles. Le totem du temple? Deux chats, la patte droite levée comme un signe de chance. Un chat seul, j'avais déjà vu, c'est banal. Deux? Côte à côte, faisant face à toute l'immensité de l'univers? Émouvant. En reprenant la route de mon Tokyo Hotel, je me jure d'en apprendre plus sur la légende de ces deux chats.



Mot du jour : neko (=chat), aussi maneki neko (chat-bonheur/lucky cat)

samedi 27 septembre 2008

L'étang aujourd'hui, l'océan demain?


Y'a des choses pour lesquelles ce n'est pas facile d'obtenir de l'information. Je prends ça comme un bon signe - ça doit signifier que c'est un peu hors-circuit. Et le hors-circuit, c'est ce qui me trotte dans la tête depuis un petit moment, parce que, tout simplement, je commence à me sentir nul à me promener dans les spots de touristes avec ma caméra. Pas que ça ne soit pas intéressant, non, pas que ça manque de jolis trucs à voir, ça non, et pas que ça regorge d'une surabondance de touristes, non plus - je trouve ça un peu vide, c'est tout. C'est surement normal, plus d'une semaine d'exploration, déjà, dans une seule ville, aussi grande et aussi diversifiée soit-elle, une semaine dis-je, ça mène à la routine. Et la routine, ça mène à l'ennui. Et je ne suis pas ici pour m'ennuyer, alors tant qu'à ne pas travailler pour l'instant, aussi bien chercher des moyens de prolonger l'enthousiasme des premiers jours.



Alors quand j'ai vu à quel point il était difficile d'obtenir de l'information sur les moyens de se rendre aux Izu Shima (une suite d'îles au sud de Tokyo), tout de suite, ça a capté mon intérêt. Rien sur internet, sinon des descriptions des îles et les choses à y faire. Une adresse, au moins, un quai de départ; Takeshiba, dans le Minato-ku, évidemment. Sur le chemin, je ne peux m'empêcher d'aller visiter un parc, parce que les parcs, même si ça devient répétitif, ça reste toujours sympa. Le nom de celui-ci? Hama-rikyu, de ce que j'ai cru comprendre, un lieu où les shogun d'autrefois chassaient le coin-coin. Les choses que j'y ai apprises? Qu'il est possible de faire tourner une tasse sur un parapluie (faudrait que j'essaie). Que les Japonais adorent les petits détails de la nature, les papillons par exemple, ou les variations subtiles entre une fleur et une autre.

J'arrive sur les lieux de Takeshiba, sorte de station d'autobus maritime. Tout, ou presque, est en Japonais, pas d'instructions en anglais, ce qui a comme effet, d'une part, de m'intriguer, et de l'autre de me mélanger un peu. Parce que je lis le japonais, un peu, mais pas au point de me faire une idée exacte des forfaits proposés. Me rends donc au comptoir d'information et demande d'abord : « Eigo ga hanasemasu ka? » (parlez-vous anglais). Non, ne le parle pas, elle. Qu'à cela ne tienne! Je me débrouille pour comprendre ses explications et repars avec deux ou trois pamphlets. C'est moins cher que je croyais, environ $50 pour l'aller, un voyage de nuit d'à peu près 8h, pour aller à Ohshima (« grosse île »), l'île la moins éloignée. Une île volcanique où il est possible de louer un vélo pour la journée. Tout porte à croire que je vais y aller - il ne me reste qu'à me choisir une date, puis de me demander si je veux y rester plus qu'une journée. À suivre!



Je termine la journée à l'autre bout de la ville, dans le quartier de Ikebukuro (ike = étang, bukuro = aucune espèce d'idée), reconnu pour son Sunshine City. Le Sunshine City, c'est un gratte-ciel de 240m avec une centaine de magasins en-dessous, et des restos, que de restos. Je passe en éclair - c'est bondé, évidemment, mais moins que les centres-d'achats de Seibu et de Tôbu, parmi les plus achalandés. Se promener là-dedans, c'est du sport - je remplace donc la marche par un espèce de slalom sans ski. Non, je n'ai pas dépensé, je n'en avais pas le courage! C'est déjà une amélioration d'entrer dans la fosse aux lions plutôt que de l'observer sagement de l'extérieur, non?

Mot du jour : Depâto (de department store = grand magasin)

P.S. Peut-être pas d'entrée demain, j'envisageais de consacrer la journée à l'étude. Mais aussi, il y a un grand matsuri à Ikebukuro, et je viens d'apprendre qu'il était possible de s'y rendre en tram, le même que j'ai emprunté pour me rendre au Nippori Crib - pas cher et bien sympa.

vendredi 26 septembre 2008

Sur les traces de monsieur Meiji ou l'affaire des deux auberges


Bon, je suis peut-être un flâneur, mais sûrement pas un dandy. Gris est le ciel et sortant, je me dis, t'aurais dû prendre ton parapluie - c'est humide, pas si chaud, mais humide à en faire perler (oui oui!) la sueur sur le front. Et en dessous du nez aussi. Mais non, le parapluie je le prends pas - quel détour de deux minutes ça aurait été! Advienne que pourra et c'est sur cette sagesse que j'entrepends la journée de vendredi (kinyôbi, ou jour de l'argent/métal). C'est aujourd'hui que je passe à l'ouest et que je vais tenter de défricher (non déchiffré) les quartiers de Shinjuku (« nouvelle auberge ») et de Harajuku (« auberge dans la prairie »).

Même en métro, c'est quand même une bonne trotte, un bon 45-50 minutes. Je choisis de débarquer directement à Shinjuku, quartier plutôt international et surtout l'un des plus fréquenté de toute la ville. La gare est assez animé et y'a des magasins un peu partout. Comme ailleurs à Tokyo, c'est le festival non-stop de la chose et de la bébelle. Quand même, je passe par un grand magasin, bondé, et où les « irrashaimase!!!! » (bienvenue) fusent de toute part. Discrets les Japonais? Ça dépend pour quoi! Quand il s'agit d'attirer l'attention, ils savent définitivement comment s'y prendre.


Je déambule distraitement dans un réseau de rues commerciales - encore, c'est le syndrome Akihabara qui prend le dessus, avec les affiches partout (Tokyo, capitale du signe), les restaurants empilés les uns par-dessus les autres et surtout les gargantuesques salles de Pachinko (http://fr.wikipedia.org/wiki/Pachinko). Faudra que je m'y essaie au Pachinko.. mais pas maintenant. Je m'achète un burger dans un dépanneur (que la caissière me fait chauffer!) et je vais le bouffer dans un parc en regardant des hommes d'affaires jouer au baseball pendant leur heure de lunch (le baseball n'est plus le sport national des américains, c'est celui des japonais, ça me semble très clair). Une petite promenade du côté des grattes-ciel de Shinjuku, dont l'un, la mairie, est particulièrement impressionnant.



L'après-midi, je vais errer au Meiji Jingu, parc consacré à l'empereur Meiji, Kevin de son prénom. Pour faire une courte parenthèse historique, il fut empereur de 1868 à 1912 (44 ans!) dans une ère inégalée de prospérité et d'ouverture du pays; durant son règne, il se fit l'ardent défenseur des sciences occidentales et il influença radicalement la modernisation du pays son slogan étant : « La connaissance occidentale, mais l'esprit japonais » (ou quetchose du genre). Bref, en sa qualité de fils du ciel, le défunt empereur s'est vu édifié un temple shinto (religion autochtone du Japon), construit dans un grand parc. Comme je respecte beaucoup monsieur Meiji, je me suis prêté aux ablutions recommandées; on lave la main gauche, puis la droite, puis on se verse de l'eau dans la main gauche pour se rincer la bouche, et on rince la main gauche de nouveau. Ce n'était visiblement pas le seul rite inhérent au site, parce qu'une fois à l'intérieur du temple, je voyais tout plein d'initiés se prêter à des chorégraphies spéciales et élaborées.

Le soleil se couche et je suis au beau milieu du parc, seul enfin, mais toujours entouré des kurusa, toujours en plus grand nombre. Je termine l'expédition par un détour vers Harajuku, un quartier assez jeune et branché, reconnu pour ses nombreux adeptes du « cosplay » (costume/playing, personnes qui se déguisent en personnages de dessins animés, de jeux vidéos, rockstars, etc.). Il semble malheureusement que ces manifestations ont plutôt lieu les samedi et les dimanche. Tant pis. Pour le reste, le quartier est un peu comme tous les autres; du bruit, de l'activité, une foule monstre. Un jour de ça, d'accord, deux, passe encore, mais je commence à en avoir plein la casquette. Quand on en a vu un, on les a tous vus.

C'est pourquoi je ne me sens pas trop coupable de mettre un terme à l'escapade et de mettre les voiles vers le Juyoh, où je compte bien profiter ce soir du Ocean Club - les employés sont aux cuisines et on peut acheter de la bouffe et des boissons. Allez, encore un peu de Juyoh, avant que l'ère sombre du Nippori Crib ne tombe sur nous!

Mot du jour : birû (contraction de building = édifice, à ne pas confondre avec bîru = bière).

P.S. Revenu du Ocean Club, il y avait deux personnes. Deux françaises. Deux belles irritantes. La vie d'hermite se poursuivra donc.

jeudi 25 septembre 2008

Fête des poupettes, suivi de Les temps seront durs


Bonjour à tous, à toutes, les femmes et les enfants d'abord. Un peu moins d'aventure aujourd'hui, moins de péripéties, alors je peux tout de suite vous dire que je vous épargnerai quelques détails. J'approche de la semaine complète à Tokyo, et vous l'avez peut-être senti à la lecture des dernières entrées; je m'épuise, je me lasse et me dis qu'à continuer comme ça, je n'aurai plus rien à foutre pendant le prochain mois. Alors j'ai pris une partie de la journée afin de considérer mes options. Les voici (à noter qu'elles ne s'excluent pas entre elles) : me trouver un boulot. Pour ça, j'ai déjà le visa, suffit de la trouver le boulot, ce qui ne semble pas nécessairement être de la tarte. Je me suis fixer l'objectif d'envoyer un CV ou d'appliquer à un endroit par jour. Mais je peux aussi me permettre d'être sélectif, parce que mon budget n'est pas si serré que ça. Ce qui m'amène à la deuxième option : explorer les alentours de Tokyo. Déjà, j'ai une ou deux idées d'expédition. Il y a bien sûr le Mont Fuji, mais aussi Ohshima, une île au sud de Tokyo, sans compter quelques autres destinations dignes d'intérêt. Je continue à y penser et je vous tient au courant.

La fête des poupées maintenant. Je vous l'avais promis et j'y suis allé. C'était bien, quoique je m'attendais peut-être à un peu plus d'envergure à l'affaire. D'abord, d'appeler ça une fête, c'est un peu tiré par les cheveux - je dirais plutôt « cérémonie ». Le tout a commencé vers les 14h au temple dédié à Kannon (Avalokitshvara, une des principales divinités du bouddhisme chinois et japonais) dans le parc de Ueno. Une dizaine de personnes sont assises dans la cour du temple avec des poupées sur leurs genoux. Une poignée de moines entrent en scène et récitent des sutra d'un ton monocorde. Hypnotique. Le moine en chef tapoche une cloche de temps à autre, brûle de l'encens. Puis, toute la bande se déplace un peu plus loin, là où un bûcher est allumé. Les personnes aux poupées défilent l'une après l'autre remettant leur poupée à deux apprentis moines qui les foutent aussitôt dans le tas de flammes. Flashs de caméra, tout le monde est content et je me demande : « quossé que j'fous astheure ».

Un petit musée? Pourquoi pas. J'opte pour le musée de Shitamachi, ou basse-ville, un musée qui se donne pour objectif de présenter le style de vie des tokyoïtes de la classe populaire des dix-huitième et dix-neuvième siècle. La visite est guidée, et c'est tant mieux, parce que franchement, y'a pas grand-chose à voire. J'obtiens quand même mon oracle, qui me dis que je vais me dénicher un boulot qui a rapport aux arbres. Je délaisse mon guide anglophone pour passer à l'expo du deuxième étage, une expo sur les jeux et jouets au début du vingtième siècle. Assez bien. J'ai le malheur de poser une question en japonais au guide de l'étage et il entreprend de me faire faire le tour de l'expo tout en japonais (ne parlait pas anglais). J'en comprends bien une partie, mais pour tout le reste, ça me donne un peu mal à la tête. Mais y'avait quelque chose de drôle à voir un japonais d'une soixantaine d'années me faire une démonstration de toupie, de marelle et de bilboquet.

Le soir (première sortie nocturne!), je retourne au Nippori Crib, parce que Kei m'a dit qu'il serait là pour m'accueillir moi et mon paiement. Kei n'était pas là. Mais, plus entreprenant que la veille, je me glisse à l'intérieur de ce que je crois être la résidence (comme je l'ai dit hier, ce n'est pas indiqué du tout). De toute évidence, c'est le bon endroit. Et c'est bien dommage. Parce que c'est glauque.

                        

Je n'ai pas vu les chambres, mais les installations communes sont assez peu invitantes, à la limite de l'insalubre. Je réprime un frisson, je prends quelques photos pour la postérité et je retourne dans mon beau Juyoh tout doré tout étincelant splendide et radieux vivre pleinement ma paisible existence aseptisée pour les quelques derniers moments qu'il m'y reste.

Engrish du jour : un slogan de magasin de chaussure qui dit : « No shoes, no life! » .. Un peu catégorique, non?
Mot du jour : ningyô (poupée, nin- = personne, gyô = visage) 

P.S. Le Japon a un nouveau premier-ministre, Asô Tarô, digne successeur de Fukuda Yasuo! Voici une parole de sagesse du nouveau chef d'état japonais : « Je veux faire du Japon un pays où les juifs riches voudraient vivre. » (Source : Wikipedia). Hmm.. Sacré Asô.

mercredi 24 septembre 2008

Errances au nord, plagiat au sud


 Ce matin, je reçois un courriel de Kei, propriétaire du Nippori Crib, qui me donne les directives afin de me rendre à son établissement (j'y déménage la semaine prochaine et ce, pour tout le mois d'octobre). Je me dis qu'il vaudrait peut-être la peine d'aller voir maintenant à quoi ça ressemble plutôt que de le faire avec mon sac de voyage sur le dos. Malgré toute ma bonne volonté, je dois admettre m'être de nouveau égaré - mais au moins, je connais mon erreur et je crois avoir appris une leçon cruciale quant aux adresses japonaises. Je vous donne mon exemple : l'adresse était 2-30-9 Higashiguo. Comment s'y retrouver? Il faut premièrement regarder le nom à la toute fin, celui-ci indique l'arrondissement. Ensuite, le 2 représente le chôme, ou quartier (mon erreur aujourd'hui, j'ai été distrait et me suis retrouvé dans le hachichôme, le huitième quartier). Le 30, c'est le numéro du bloc (un quartier peut en contenir une cinquantaine) et finalement, le 9 c'est l'adresse du bâtiment. Bref, c'est à la fois organisé et un peu n'importe quoi. L'errance a au moins le bénéfice de faire découvrir des recoins isolés de la ville, là où les habitants semblent tout de même étonnés de voir tout d'un coup apparaître un étranger dans leur quotidien. Bon, tout ça pour dire que ça a pas été de la tarte de trouver l'adresse et que, une fois rendu, je n'ai pas été en mesure de trouver le Nippori Crib et je me sentais un peu mal de me mettre à sonner aux portes des gens pour demander s'ils connaissaient l'endroit. Bah, faut pas s'en faire, ce n'est que partie remise hein.

Je me ramasse un sandwich à la croquette et une boule de riz aux bines avant de mettre les voiles pour le centre de la ville. Pourquoi pas explorer une nouvelle partie des Jardins Impériaux? Je sors de la station de métro et vais m'installer sur un banc du parc Hibiya (qui est somme-toute très chouette) pour déguster le sandwich et la boule. Une petite marche et me revoici sur le site des Imperial Gardens. Une étude rapide d'un plan ramassé hier à l'hôtel me permet de voir deux chemins menant directement au palais. Malheureusement, les deux entrées sont bloquées; le site est de toute évidence fermé aux touristes. Où l'est-il vraiment? C'est à voir..

Un peu déçu quand même, je rebrousse chemin la mine basse. Je relève la tête et qu'est-ce qu'au loin j'aperçois? La Tokyo Tower, sorte de Tour Eiffel japonaise! En fait, non, elle est réellement calquée sur le modèle de la Tour Eiffel, sauf qu'elle est rouge et blanche. Quoiqu'il en soit, ça me donne un objectif tangible - tout de suite, je mets le cap vers l'hideuse construction (ouais, elle est franchement laide je trouve). Je traverse une partie de Minato-ku (le quartier du port), débouche sur un temple shinto juché sur une colline surprise entre deux grands immeubles, et tac, me voici aux pieds (qu'elle a grands d'ailleurs) de la Tokyo Tower. Non, je n'y suis pas monté, trop radin pour ça. Peut-être que ça aurait pu être bien, sais pas, m'en fiche. Anyway, ce qu'elle a de bizarre cette Tokyo Tower c'est que bien qu'en étant une réplique de la Tour Eiffel, elle a été construite en plein milieu de nulle part et n'a donc qu'une partie de l'effet de l'originale. Pour donner une idée, c'est comme si on avait fait la même chose à Montréal et qu'on avait décidé de la poser au Carré Saint-Louis. Un peu nul et impossible d'avoir une bonne vue de la chose. Autre fait étonnant, c'est que contrairement en Europe, par exemple, les sites touristiques ne sont pas investis par les vendeurs ambulants de souvenirs à deux cennes et de cartes postales niaiseuses. Donc pas de snowglobes de la Tokyo Tower ni de cendriers du Sensô-ji...

Épuisé, physiquement et mentalement (je marche environ huit heures par jour, ça paraît peut-être pas dans le blog, mais ça fait quand même de bonnes distances), je décide d'aller prendre le métro à Roppongi (un des quartiers hyper commerciaux et énarvés de Tokyo) et de rentrer au Juyoh. Au programme demain, le festival des poupées de Ueno.

Mot du jour : sanpô (promenade).

P.S. En bonus, une photo de la boutique de jeux vidéos visitée hier.

                          

mardi 23 septembre 2008

Promenade électrique dans le champ des feuilles d'automne


Quatrième journée complète à Tokyo et toujours aucun signe de Godzilla ni de Mothra. J'ai vu Ultraman à la télévision, mais mon niveau de japonais ne m'a pas permis de savoir si c'était dans le cadre d'un bulletin de nouvelles ou bien d'une bande-annonce de film. Pas de tsunami en vue, les sismographes sont au repos. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et les tokyoïtes continuent de mener leur vie en toute quiétude.

Soucieux de mon propre avenir, je remplis un formulaire sur le net pour donner des cours d'anglais privés. Il faut bien réaliser que je ne pourrai faire du petit tourisme facile pendant encore un mois, d'une part parce que ça me mettrait serré dans mon budget et ensuite parce que ça m'ennuierait probablement. Et vous aussi. Et puis il ne faut pas perdre de vue l'objectif premier du voyage, qui est de s'imaginer une sorte d'existence nippone temporaire, question de se familiariser avec la langue, mais aussi d'avoir un rapport concret et direct avec la vraie culture d'ici, et pour ça, le tourisme du style « guide du routard » a ses limites. Enfin, il faut bien commencer à quelque part et, comme je l'ai déjà dit, Tokyo est une bien grande ville et il me reste quelques incontournables avant de passer au plan B!

D'abord, pour ceux qui se demandaient, la boîte d'hier contenait.. *roulement de tambours*.. un petit sac, non, j'embellis, c'était plutôt une toute petite bourse pour mettre la petite monnaie, les 1, 10, 50, 100 et 500¥. Lucky! Comme je ne suis pas encore assez à l'aise avec les pièces, je me les garde pour le métro, parce que là, comme c'est avec des machines, on peut prendre son temps et passer toute la petite monnaie qu'on veut. Alors 10h, je l'achète mon billet, direction Akihabara (Aki = Automne, Ha = Feuille, -bara = champ), quartier au sud de Ueno, donc pas trop loin du Juyoh, consacré à l'électronique, de première ou de seconde main.

C'est pas mal comme on peut se l'imaginer. Des magasins partout (même dans les ruelles, surtout dans les ruelles), avec des lumières, de la musique, du monde qui crie des promos. Ça passe de la grande surface (au sujet des grandes surfaces à Tokyo, il est important de savoir qu'elles ne se déploient pas horizontalement, mais verticalement, c'est donc dire qu'un étage n'est pas plus grand que, disons, un Dunkin' Donuts, mais qu'il y en a une demi-douzaine) à la pseudo-vente de garage et on y trouve tout ce qui touche de près ou de loin à l'électronique; des appareils audio jusqu'à l'ordinateur en passant par les DVD et les jeux vidéos. Je m'arrête dans un magasin se spécialisant en produits dérivés d'anime (les dessins animés japonais, pour les non-initiés) et de jeux de console acheter un petit quelque chose pour quelqu'un (hehe), dans une arcade de 6 étages, et dans une boutique présentant un étalage impressionnant de jeux vidéos usagés, de toutes les consoles imaginables.

Toute cette frénésie m'ouvre l'appétit et je pars à la recherche d'un établissement où je pourrai me sustenter (préférablement un endroit où on peut bouffer). Je marche, je marche et mets les freins devant un petit resto plutôt traditionnel, du style où tout le monde s'asseoie sur des tabourets autour d'un comptoir. Le système du resto est assez inusité et, somme toute, assez représentatif de la façon de faire japonaise - il y a, à l'entrée, une machine distributrice qui présente au client des images de tous les plats. Le client insère l'argent dans la machine, appuie sur le bouton correspondant à son choix et obtient un reçu qu'il remet à la serveuse. La serveuse lit le coupon, annonce la commande au cuisinier qui prépare aussitôt le plat demandé. Cette façon de faire peut sembler surprenante, mais l'est finalement très peu lorsque l'on connaît l'obsession des tokyoïtes pour les machines distributrices. C'est vrai, quoi! Il y en a au moins 2 sur chaque coin de rue et, toujours, quelqu'un il y a à se choisir quelque chose. Diable, il y en a même jusque dans les ruelles!

J'aurais bien autre chose à dire sur le sujet, mais je m'en garde pour une autre fois. Donc, je continue ma marche, direction Jimbocho, un quartier reconnu pour sa forte teneur en librairies. Je bouquine un peu (pas trop quand même), je vais même « digger » quelques vinyles (toutes des éditions japonaises, waah, des 45 tours des Beatles, des Yardbirds, de Zeppelin, des Kinks, tout écrits en katakana!.. n'y'avait pas de Yellow Magic Orchestra par contre..). Bon, avec Akihabara, maintenant Jimbocho, ça fait beaucoup de choses, de produits, d'objets et je vois qu'il y a un parc pas trop loin, qui va me permettre de briser la tendance de cette journée.

Ce parc, c'est en réalité les « East Imperial Gardens », tout près de l'ancien palais impérial d'Edo. De la verdure, enfin, toute bien encadrée d'architecture tokugawènne (tokugawaienne? de Tokugawa (dix-septième siècle)). Des jardins que l'on jurerait être Feng Shui, de satanés karasu (corbeaux, pour ceux qui ne suivent pas), des jardins regorgeant de petits ruisseaux mystérieux (bon, pas le qualificatif idéal, mais je commence à être fatigué là) et de lecteurs du Seigneur des anneaux (si si). Je vais m'étendre un peu au milieu d'une aire gazonnée et, revitalisé, je me donne comme objectif de retrouver le chemin du retour. Ah, j'ai oublié de spécifier que je n'ai pas vraiment de carte, alors mes promenades relèvent davantage de l'errance contrôlée que du parcours strictement balisé. Ça me plaît comme ça.

Je rentre sans trop de problème au Juyoh, là où je passe la soirée à écouter un film sur un p'tit gars et à lire 1984.

Le mot du jour : Denki (électricité).

Pas d'engrish aujourd'hui.. je crois en avoir vu un exemple ce matin, mais je ne me souviens plus exactement de quoi il s'agissait.

lundi 22 septembre 2008

L'univers fascinant des sacs


 Ohayo gozaimasu, o-genki desu ka? Moi oui, merci de demander. Aujourd'hui, que je me dis, rien qui sort de l'ordinaire, je ne fais pas le touriste, non. Plutôt, il faut que je recherche ma zone de confort, que je me mette, comme qui disent, à l'aise avec mon environnement rapproché. Donc, pas de métro, ce sera une journée de marche consacrée au défrichement du quartier.

Je quitte la chambre à 8h et prends mon parapluie, parce que je vois qu'il tombe déjà quelques gouttes. Je descends la rue... la rue... je ne sais pas, je suis encore pourri pour mémoriser les noms de rues ici, surtout que la plupart n'en portent pas, alors on ne peut pas vraiment s'y fier. Plutôt qu'une carte, c'est une boussole qu'il me faudrait. Je descends donc la rue, vers le sud, je crois, vers le centre-ville ou... non, à ma connaissance, Tokyo n'a pas de centre-ville. Elle a des centres-ville ou... non, le concept de centre n'existe pas vraiment non plus. Tout ce qu'on peut en dire, c'est que c'est gros. Pas mal gros. Continuons. Je descends. Comme la veille, la pluie s'intensifie, mais pour l'instant, ça va. Je traverse un joli petit parc d'inspiration shinto (voir photo), je continue et voilà que je débouche sur une série d'arcades à toit couvert, dans le style le plus japonais qui soit (vous savez, avec le bois rouge, les toits multiples, etc.). À l'intérieur, des boutiques de porte-bonheur, des restos, et surtout, une soudaine affluence d'occidentaux. Me rapprocherais-je d'un parcours touristique?

Ben oui. Les arcades mènent tout droit à un temple qui, je l'apprends presque tout de suite, s'adonne à être le Sensô-ji et qui, je vous le donne en mille, est le plus vieux temple de Tokyo, rien de moins. En fait, sa fondation en 628 par trois pêcheurs remonte même à avant que Tokyo ne porte le nom de Tokyo avant même que Tokyo ne porte le nom d'Edo. Je m'extasie assez pour que ça en vaille la peine et je passe mon chemin. Bonne nouvelle : il ne pleut plus. Mauvaise nouvelle : il tombe des putain de cordes et mon petit parapluie de voyage n'en peut plus. Je me résous à m'arrêter dans un café pour, vous l'aurez deviné, prendre un café. (À ceux qui se demanderaient toujours, oui, l'Halloween existe au Japon. Je ne sais pas si c'est réellement fêté, mais ça existe. Il y avait une promo pour l'Halloween là où je me suis arrêté. Oui oui, avec des chauve-souris, des squelettes et des vampires. C'que j'ai hâte. )Une accalmie et me voici ressorti, cette fois pour retourner au Juyoh prendre le lunch. Je passerai sur mon petit moment de panique lorsque j'ai cru m'être perdu.

Après un frugal repas composé de sushi et de croustilles de poulpe, je reprends mes cliques et mes claques et retourne à l'aventure. Mes pas me portent automatiquement sur les rives de la Sumidagawa (rivière Sumida). Pas nécessairement prévu, mais ça fait une balade agréable. Je traverse un pont pour aller voir de plus près les immeubles de la Asahi, première brasserie en importance au Japon, je crois, avant Sapporo. Un de ces immeubles, assez imposant et assez sûr de lui-même pour présenter une sorte de piment doré sur sa tête, ne comporte bizarrement qu'une seule entrée visible; une porte de dimensions modestes qui s'ouvre sur un restaurant tout ce qu'il y a de plus banal. Je m'asseoie dans les marches devant et regarde la Sumidagawa. 

Sur le chemin du retour, je remarque sur un plan de quartier qu'il y a à proximité un musée du sac et de la valise. Intrigué, je me rends à l'endroit désigné par la carte et devant moi se trouve ce qu'il me semble être le siège social d'une compagnie de valises. Hm. M'a l'air un peu toton c't'affaire. Je scrute le panneau à l'entrée. De ce que j'en comprends, c'est gratuit. Ok, je n'ai rien à perdre dans tout ça, je me lance et vais voir à la réception. La fille à l'air toute contente qu'un nigaud comme moi s'intéresse à son affaire de sacs - elle me fait signer un papier et me dis de prendre l'erebêtâ (elevator = ascenseur) jusqu'au 8e étage. Elle me remet aussi les instructions. Les instructions? Oui, parce que, vous voyez, le musée du sac étant ce qu'il est, il n'y a pas vraiment de sécurité et il faut soi-même s'occuper d'allumer et d'éteindre les lumières. Je dois dire que le musée du sac n'a rien à envier au National Museum. Qu'est-ce que j'en ai à foutre d'un sabre fabriqué par le fils de Masamune lorsque je peux voir un sac qui vient d'Allemagne! Oui oui, d'Allemagne! Et que faire d'autre lorsque confronter à un cheval fait en sacs (oui, en sacs!) que de tomber à genoux et de louer toute la beauté de la création du Seigneur? Bouleversé, je retourne à l'entrée remercier la réceptionniste pour cette divine expérience. Visiblement saisie par mon émotion, elle me remet, émue, une petite boîte cadeau que je m'empresse d'ouvrir pour y trouver un.. pour y trouver une... pour y trouver quoi? Les paris sont ouverts!

Engrish du jour : Des biscuits « American Soft » (Bon, un peu tiré par les cheveux, mais ça m'a fait rire).
Mot du jour : Kaban (qui veut dire.. sac)

dimanche 21 septembre 2008

Le pays de demain et le parc aux corbeaux


C'est peut-être le décalage horaire qui parle, mais wah que ça dort bien ici. Après avoir écrit l'entrée, hier, en revenant de Ginza, je m'étais dis qu'une petite sieste s'imposait et puis qu'après, il serait possible d'effectuer une nouvelle sortie. Et bien la sieste, elle a duré douze heures, de 5PM à 5AM. Un peu tôt, oui, mais ça m'a permis de voir le soleil se lever, en sirotant un thé, de voir le soleil se lever sur l'un des dimanches les plus en avance de ma vie. Au final, ça ne change pas grand-chose, mais c'était quand même plaisant à voir, et je me disais qu'en même temps, vous étiez tous encore pris dans votre samedi. En homme du futur que je suis, avec toute ma science du jour d'après, je ne savais pas vraiment comment occuper ma journée ; c'est bien beau le soleil qui se lève et tout, mais on fait pas un voyage avec ça. Ou seulement ça.

Alors j'enfile un petit-déj bien japonais, un plat préparé acheté la veille - des crevettes, du poulet, du porc et des légumes mélangés sur un nid de riz - et je me dirige vers le métro, il est 7h. Un coup d'oeil sur le plan du transport en commun me permet de voir que je suis à côté du parc d'Ueno et je me dis qu'un dimanche dans le parc, c'est classique, mais ça reste une bonne idée. Ueno, c'est le genre de Central Park de Tokyo, un grand espace vert avec un lac artificiel, des aires désignées pour le sport (un terrain de baseball, plus particulièrement) et un char et une barge de musées, parmi les plus importants de l'archipel (à ce que le guide du routard m'a dit). Et puis un zoo (dôbutsu-en, ou parc aux animaux). Le soleil est radieux, c'est tranquille, il n'y a presque personne, principalement parce que tout est fermé à cette heure. Je m'assoie sur un banc, j'attends et entends des joueurs d'instruments traditionnels (trop paresseux pour vérifier lesquels) et, surtout, le couinement disgracieux des corbeaux qui hantent le parc.

9h30, je fais une visite au National Museum, au menu, quelques-uns des objets les plus importants de l'histoire culturelle du Japon, de la poterie Jômon jusqu'aux ukiyo-e en passant par des monuments de calligraphie classique. Très traditionnel, mais un détour obligé. Il est presque midi, je retourne vers l'étang principal, là où je me prends quelque chose à bouffer dans un petit kiosque. J'ai le choix d'une variété de boules brunâtres et blanchâtres marinant dans une espèce de soupe, je pointe donc au monsieur quelques morceaux qui me semblent plus appétissant, je le paie (assez cher!) et m'installe avec ma soupe de boule. Bon, difficile de savoir c'était quoi exactement. Tout ce que j'ai pu repérer, c'est deux morceaux de tentacules bouillis, frits, et rebouillis en pâte de croûte en sauce. Un moment d'hébétude et je vais me chercher un coke pour faire descendre tout ça. Pendant que je digère, un type avec les avant-bras enflés vient me piquer une jasette, le Japonais le plus bavard que j'aie rencontré jusque ici. Il ne parlait pas, il déblatérait sur une multitude de sujets, passant adroitement de la politique aux conseils amoureux. De ce que j'ai cru comprendre de son flot incessant d'idées, c'était qu'il me recommandait de marcher jusqu'à Kita-Senju (Kita = nord, Minami = sud) pour aller me promener dans le depâto (Department Store = grand magasin) afin d'y rencontrer des filles et, possiblement, d'en épouser une. On verra, peut-être demain.

Une averse subite me permet de couper court à la conversation qui, franchement, n'allait nulle part. Je cours me réfugier sous un arbre, près du zoo, sur un petit sentier. L'averse persiste. Je ne sais pas si c'est particulier au parc d'Ueno, mais lorsqu'il pleut, ce n'est pas des vers de terre qu'on voit soudain émerger du sol, mais de grosses chenilles velues. Évidemment, je regarde mes environs, je vois si elle peuvent m'atteindre où je suis. Je suis en sécurité, je crois. Une accalmie, je me risque à aller au zoo. Je m'enthousiasme devant les grosses bêtes, les éléphants, le lion, je m'interroge devant une guenon qui, distraitement, se roule la bille devant des familles perplexes, je m'ennuie devant les vitrines d'oiseaux exotiques et, de concert avec la foule, je m'exclame « a, kawaii!! » devant le joli petit « fire fox ». Une recrudescence de l'averse m'oblige a aller m'asseoir sous l'auvent des artistes. À côté de moi, un peintre médiocre appose sa signature sur une toile dénuée d'intérêt. Je crois qu'il peignait la Place Rouge d'imagination, mais pas sûr. À ce point, je suis trempé et je me dis que j'aurais dû faire le zoo en avant-midi et le musée durant l'après-midi. Mais ça n'aurait pas été pareil. Ça ne m'aurait pas permis de m'asseoir sous l'auvent des artistes, à l'abri de l'averse, avec rien à faire sauf d'attendre que ça se termine.

Sur le chemin du retour, je m'arrête dans un grand magasin qui, à mon étonnement, s'ouvre sur un dédale de ruelles marchandes. Il continue de mouiller, mais je m'aventure tout de même plus avant au coeur du marché. L'humidité a l'avantage d'amplifier l'accoustique du lieu, d'accentuer les contrastes de couleurs, de sons. Il y a des marchands de poissons, des magasins d'électronique, des nomiya (no(mu) = boire + ya = magasin, donc bar typiquement japonais), tout plein de petits restos. J'y reviendrai parce que, franchement, c'est sympa. Et tout près du Juyoh, où je retourne finalement après une journée assez bien remplie. Une sieste, et je passe la soirée dans la salle commune, dans une tentative de briser l'isolement qui me tient confiné à ma chambre. Ma précieuse.

Engrish du jour : un tshirt qui dit : Most important thing is always make.
Mot du jour : Karasu (corbeau)

samedi 20 septembre 2008

Ici, les trains sonnent et les camions chantent


 Dès mon arrivée, j'ai su qu'il n'y avait pas d'erreur, que j'étais bel et bien au Japon (pas que ça m'ait réellement inquiété..).  Du moment où j'ai mis les pieds hors de l'aéroport, et plus les stations de trains s'accumulaient, l'une après l'autre, je commençais déjà à me sentir gaijin (étranger).  Déjà, dans l'avion, les étrangers, non-nippons, constituaient une minorité visible, du style de 20%.  Là où j'habite, dans le Taito-ku, dans le nord de la ville, je suis l'un des seuls, exception fait de l'îlot que constitue le Juyoh Hotel.  Très rarement, je croise un autre gaijin - l'immersion est totale et, franchement, c'est bien comme ça bien que, je l'avoue, ça fait beaucoup à assimiler en si peu de temps.  

C'est pourquoi, afin de modérer un peu le dépaysement du dernier douze heures, je me suis décidé à sortir du quartier pour aller en visiter un autre à saveur davantage internationale, Ginza (Gin = Argent, Za = Lieu).  Comme son nom l'indique, ce quartier est le l'endroit où l'on trouve les grandes boutiques européennes (Vuitton, Dolce/Gabana, etc.) et les bonnes tables. C'est vraiment très humide, collant, et peu habitué, encore, à de grandes marches, j'ai recherché, sans succès, un endroit où m'asseoir (« Tout ce que je voulais c'tait une place pour m'asswaaar! »). Je me dis, ou bien les Japonais ne s'asseyent pas, ou bien ils le font en privé.  À un certain moment, je rentre dans une boutique nommée « Don.K », un « Amusement Discount Shop ».  Et c'est vraiment ça : un genre de magasin à une piasse, de Hart écroulé sur lui-même, des choses partout, la radio qui joue, en même temps qu'un cédé qui joue, en même temps qu'un dévédé qui joue, avec des lumières, waah, un vrai festival de la niaiserie.  Je trouve néanmoins l'adaptateur que je cherchais pour mon ordi, merci Don.K! Encore un peu sous l'effet du too much, je décide de modérer mes ardeurs de cette première journée et de rentrer derechef au Juyoh, en m'arrêtant faire une épicerie de fortune. Je tenterai une nouvelle sortie ce soir, il faut que je me ménage, quand même.

Par rapport au Juyoh : c'est un édifice d'une dizaine d'étages, je suis au sixième, la réception est au premier et le bain public est au dixième (ouais, un bain! je l'essaie plus tard et je vous en donne des nouvelles!).  La chambre est vraiment pas mal pour le prix.  Alors, pour 3200¥ (à peu près 33$) la nuit, j'ai trois tatamis d'espace, c'est-à-dire que j'y rentre trois fois en me couchant sur la largeur et en étendant mon bras droit (ça pourrait être le gauche aussi).  Ou sinon, c'est à peu près un 1m80 par 2m70. J'ai la tévé, comme je l'ai dit précédemment et le frigo, dans lequel j'ai mis mon GUTS! (for a man who has passion!). J'ai même un miroir pour me mettre beau comme un coeur. Le petit ennui, c'est qu'en bas, il y a un chantier et ça fait passablement de bruit, surtout que je m'évertue à garder la fenêtre ouverte. Pour la salle commune, on repassera, je n'ai pas trop le goût d'aller m'y installer; c'est un genre de salon assez peu accueillant avec une coupeul' d'ordis pour les sans wi-fi (ah! les pauvres!). Bon, ça fait assez de détails comme ça!

Le mot du jour, je vous l'ai donné tantôt, c'est ma deuxième entrée aujourd'hui! Bah!


vendredi 19 septembre 2008

Le zèbre considère l'intérieur du coeur


Blarg, 13h de vol +, ça use en cibolle! Je vais pas tout vous raconter parce que ça serait un peu naze et, ma foi, sans histoire, mais je dois quand meme placer un bon mot pour Air Canada. Pour la bouffe, on a littéralement été gavés et pour le divertissement, on avait droit a l'écran intégré au siège avec toute une sélection de films et d'émissions de TV. J'ai alors pu rattraper une partie de mon été en me tapant Ironman, Kung Fu Panda et.. hum.. What Happens in Vegas. Sinon, tout s'est super bien passé.. jusqu'au moment où je mette le pied hors de la station Minamisenju. Il était alors 17h du vendredi (heure nippone, style 7h du mat pour moi) et le soleil a commencé a se coucher. Je sors le plan trouvé sur le site de l'hôtel ou je vais et c'est la que je constate que je pige rien du tout a leurs indications. En homme, je me dis, bahf!, ça doit pas etre sorcier! Erreur! Ce fut très très sorcier. On m'avait pourtant prévenu que les adresses au Japon différaient des nôtres et qu'elles pouvaient être source de confusion. Mais à ce point! J'étais renversé, un peu stressé et, ma foi, un peu tanné aussi. D`abord, la plupart des noms de rues ne sont pas indiqués - les nippons semblent plutôt préférer se référer au numéro du bloc, un bloc pouvant contenir plus d'un commerce ou immeuble. Et lorsque je demandais des indications, les gens, semble-t-il, m'envoyaient toujours un peu plus loin. Pas de la mauvaise foi, non, ils voulaient seulement se rendre utile. A bout de ressources et le dos en compote, j'ai finalement decidé de rentrer dans un petit magasin, là où une gentille femme m'a indiqué en japonais, et à l'aide de cartes, l'emplacement de l'hôtel. Dix minutes de marche et je ne pouvais y croire! Le Juyoh Hotel, tout doré, tout beau!

Il était maintenant 20h. Je me familiarise un peu avec ma chambre, qui est très bien et exactement ce à quoi je m'attendais. Je prends une douche ô combien bienfaisante et retourne m'installer dans la chambre pour y écouter un peu de télévision (une dizaine de chaines, malade!) et me coucher. Je vous souhaite une excellente semaine!

Mot du jour : ne(ru) (verbe dormir).

mercredi 17 septembre 2008

Préparatifs et autres sources de plaisir

Bonjour et bienvenue, ô chers convives, compagnons (virtuels) de voyage ou simples curieux! Oui, bienvenue sur le blaugue (sp?) de l'intrépide François, insatiable prospecteur d'aventures et increvable gustateur de bonne chair! Au programme durant les trois prochains mois; le pays du Soleil Levant, des croquettes de poisson cru et des kamikaze, j'ai nommé, non pas la Hongrie, mais bien le Japon. Sachez que ce blaugue, qui devrait comporter son lot de péripéties bureaucratiques et hygiéniques (toutes plus rocambolesques les unes que les autres), s'adresse avant-tout aux amateurs de sensations fortes, il est donc recommandé aux petites natures de s'abstenir. Ou même mieux, je ferai à chaque mois un condensé de mes aventures destiné aux petites natures, ah, oui! c'est ça, sans les photos! Le blaugue contiendra aussi mes pensées les plus secrètes et tourmentées, mes états d'âmes, les compte-rendus de mes afflictions spirituelles et de mes spleens les plus noirs ainsi que quelques bonnes blagues nipponnes pas piquées des vers.

Trêve de préambules ; les préparatifs vont bon train, bien qu'il soit toujours un peu difficile de s'imaginer ailleurs, dans si peu de temps, et pour une si longue durée. Je crois que, dans l'ensemble, tout y est - qui plus est, il me reste encore un peu de place dans mon sac de voyage. Qu'y mettre? Un accessoire extravagant? De la machinerie lourde destinée à un usage agricole? Des Revels? Ce détail n'a pas encore été réglé et fera l'objet d'une commission d'enquête ou peut-être même d'un sondage à l'échelle nationale. Autre chose : je ne sais pas trop encore si je peux ajouter des images au blaugue et, si oui, combien. Évidemment, la facture visuelle du blaugue s'améliorera au fur et à mesure que deviendrai plus apte à dompter cette technologie.

Le mot du jour : ryokoo (voyage).