jeudi 11 décembre 2008

Le jour le plus long


« Dans la mythologie japonaise, les mauvais esprits se trouvent au nord-est. » C'est ce que m'avait enseigné un écriteau près du château de Kumamoto. Eh bien, c'est précisément là où je vais aujourd'hui, au nord-est, dans le Tohoku, il me sera alors donner de vérifier si ce que l'on dit est vrai. S'y rendre, d'abord, c'est toute une histoire. Comme d'hab, je dois prendre les trains locaux pour économiser un peu d'argent ; mais qui dit trains locaux dit très long et très pénible. Au total, j'aurai à transférer 6 fois et la plupart du temps dans des bleds infâmes. Pour les amateurs de statistiques, ça me prendra finalement 12h30 pour me rendre à destination dont 4 heures en transit. Deux choses, peut-être, à retenir de ce périple : d'abord l'hôtel désaffecté visité dans une ville de transit balayée par le vent. Un hôtel tout abandonné, mais dont on n'a pas fermé les issues. Il est encore possible de se balader à travers les décombres, les meubles démolis et les miroirs fracassés dans une atmosphère de post-jishin (tremblement de terre). À part ça, la neige qui se met de la partie au fur et à mesure que j'avance vers le nord. La neige, la grêle, puis rien, puis re-la neige, si bien que lorsque j'arrive à Sakata (« Champs de riz pour le saké »), ma destination, - maudite? -, la ville est couverte d'un glaçage neigeux. Adrian m'y accueille : « Il est moins dodu que sa photo couchsurfing le laissait présager », que je me dis. Adrian est un Irlandais à la bouille fort sympathique et un visage un peu dégelé par la bière, parce que lui et une poignée de ses amis JET sortent tout juste d'un karaoke nomihodai (consommations à volonté). Je fais alors connaissance avec une bande de joyeux lurons imbibés pensant déjà à leur prochaine destination, le bar Raja. Mais pour s'y rendre à ce Raja, c'est un peu compliqué, principalement parce que, bien qu'il y ait une voiture, il n'y a pas de conducteur désigné. Ils me demandent si je sais conduire, si je ne pourrais pas les amener à bon port. Après un moment à peser le pour et le contre et de finalement m'être laissé convaincre par l'offre collective de me payer les consommations pour toute la soirée, je conviens finalement de tenter ma chance (ce qui est tout à fait illégal, mais... bon, faut bien vivre bordel). C'est donc sous la neige, dans une voiture qui ne m'appartient pas peuplée de cinq anglophones rencontrés pour une première fois et qui essaient de me parler simultanément que je conduis pour la première fois de ma vie sur la gauche. Tout se déroule sans accrochages et /// je reprends connaissance tout habillé sur le futon d'Adrian.

Sakata porte bien son nom.
Putain, Sakata porte bien son nom.

Mot du jour : hidari (gauche)

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