dimanche 21 septembre 2008

Le pays de demain et le parc aux corbeaux


C'est peut-être le décalage horaire qui parle, mais wah que ça dort bien ici. Après avoir écrit l'entrée, hier, en revenant de Ginza, je m'étais dis qu'une petite sieste s'imposait et puis qu'après, il serait possible d'effectuer une nouvelle sortie. Et bien la sieste, elle a duré douze heures, de 5PM à 5AM. Un peu tôt, oui, mais ça m'a permis de voir le soleil se lever, en sirotant un thé, de voir le soleil se lever sur l'un des dimanches les plus en avance de ma vie. Au final, ça ne change pas grand-chose, mais c'était quand même plaisant à voir, et je me disais qu'en même temps, vous étiez tous encore pris dans votre samedi. En homme du futur que je suis, avec toute ma science du jour d'après, je ne savais pas vraiment comment occuper ma journée ; c'est bien beau le soleil qui se lève et tout, mais on fait pas un voyage avec ça. Ou seulement ça.

Alors j'enfile un petit-déj bien japonais, un plat préparé acheté la veille - des crevettes, du poulet, du porc et des légumes mélangés sur un nid de riz - et je me dirige vers le métro, il est 7h. Un coup d'oeil sur le plan du transport en commun me permet de voir que je suis à côté du parc d'Ueno et je me dis qu'un dimanche dans le parc, c'est classique, mais ça reste une bonne idée. Ueno, c'est le genre de Central Park de Tokyo, un grand espace vert avec un lac artificiel, des aires désignées pour le sport (un terrain de baseball, plus particulièrement) et un char et une barge de musées, parmi les plus importants de l'archipel (à ce que le guide du routard m'a dit). Et puis un zoo (dôbutsu-en, ou parc aux animaux). Le soleil est radieux, c'est tranquille, il n'y a presque personne, principalement parce que tout est fermé à cette heure. Je m'assoie sur un banc, j'attends et entends des joueurs d'instruments traditionnels (trop paresseux pour vérifier lesquels) et, surtout, le couinement disgracieux des corbeaux qui hantent le parc.

9h30, je fais une visite au National Museum, au menu, quelques-uns des objets les plus importants de l'histoire culturelle du Japon, de la poterie Jômon jusqu'aux ukiyo-e en passant par des monuments de calligraphie classique. Très traditionnel, mais un détour obligé. Il est presque midi, je retourne vers l'étang principal, là où je me prends quelque chose à bouffer dans un petit kiosque. J'ai le choix d'une variété de boules brunâtres et blanchâtres marinant dans une espèce de soupe, je pointe donc au monsieur quelques morceaux qui me semblent plus appétissant, je le paie (assez cher!) et m'installe avec ma soupe de boule. Bon, difficile de savoir c'était quoi exactement. Tout ce que j'ai pu repérer, c'est deux morceaux de tentacules bouillis, frits, et rebouillis en pâte de croûte en sauce. Un moment d'hébétude et je vais me chercher un coke pour faire descendre tout ça. Pendant que je digère, un type avec les avant-bras enflés vient me piquer une jasette, le Japonais le plus bavard que j'aie rencontré jusque ici. Il ne parlait pas, il déblatérait sur une multitude de sujets, passant adroitement de la politique aux conseils amoureux. De ce que j'ai cru comprendre de son flot incessant d'idées, c'était qu'il me recommandait de marcher jusqu'à Kita-Senju (Kita = nord, Minami = sud) pour aller me promener dans le depâto (Department Store = grand magasin) afin d'y rencontrer des filles et, possiblement, d'en épouser une. On verra, peut-être demain.

Une averse subite me permet de couper court à la conversation qui, franchement, n'allait nulle part. Je cours me réfugier sous un arbre, près du zoo, sur un petit sentier. L'averse persiste. Je ne sais pas si c'est particulier au parc d'Ueno, mais lorsqu'il pleut, ce n'est pas des vers de terre qu'on voit soudain émerger du sol, mais de grosses chenilles velues. Évidemment, je regarde mes environs, je vois si elle peuvent m'atteindre où je suis. Je suis en sécurité, je crois. Une accalmie, je me risque à aller au zoo. Je m'enthousiasme devant les grosses bêtes, les éléphants, le lion, je m'interroge devant une guenon qui, distraitement, se roule la bille devant des familles perplexes, je m'ennuie devant les vitrines d'oiseaux exotiques et, de concert avec la foule, je m'exclame « a, kawaii!! » devant le joli petit « fire fox ». Une recrudescence de l'averse m'oblige a aller m'asseoir sous l'auvent des artistes. À côté de moi, un peintre médiocre appose sa signature sur une toile dénuée d'intérêt. Je crois qu'il peignait la Place Rouge d'imagination, mais pas sûr. À ce point, je suis trempé et je me dis que j'aurais dû faire le zoo en avant-midi et le musée durant l'après-midi. Mais ça n'aurait pas été pareil. Ça ne m'aurait pas permis de m'asseoir sous l'auvent des artistes, à l'abri de l'averse, avec rien à faire sauf d'attendre que ça se termine.

Sur le chemin du retour, je m'arrête dans un grand magasin qui, à mon étonnement, s'ouvre sur un dédale de ruelles marchandes. Il continue de mouiller, mais je m'aventure tout de même plus avant au coeur du marché. L'humidité a l'avantage d'amplifier l'accoustique du lieu, d'accentuer les contrastes de couleurs, de sons. Il y a des marchands de poissons, des magasins d'électronique, des nomiya (no(mu) = boire + ya = magasin, donc bar typiquement japonais), tout plein de petits restos. J'y reviendrai parce que, franchement, c'est sympa. Et tout près du Juyoh, où je retourne finalement après une journée assez bien remplie. Une sieste, et je passe la soirée dans la salle commune, dans une tentative de briser l'isolement qui me tient confiné à ma chambre. Ma précieuse.

Engrish du jour : un tshirt qui dit : Most important thing is always make.
Mot du jour : Karasu (corbeau)

2 commentaires:

Ginette a dit…

Miam! tu nous ouvres l'appétit avec ta soupe aux boulettes!

Suzanne et Denis sont ici ce soir - au menu: brochettes de porc.

On aime bien lire ton blogue.
Bonne journée.

Jeannette a dit…

Wow tout ça en une journée...tu me ramèneras un firefox!