mardi 25 novembre 2008

Aventures du bout du monde


Se lever avec le soleil, y'a qu'ça d'vrai. Je serai honnête avec vous, cette demi-nuit passée assis, affaissé, sur une chaise de plastique de ce terminal de traversier de Kagoshima, ville jumelle de Naples, ne fut pas la plus réconfortante de ma vie. Mais y'a pas que le confort dans la vie, il y a les expériences nouvelles, les expériences desquelles on ressort grandi, ou du moins changé, ayant appris à garder son sang-froid et son optimisme dans les situations les plus stressantes. Apprendre à faire des choix, à prendre des décisions et à les assumer jusqu'au bout.

Maintenant, une quête. J'aurais pu abandonner l'idée de me rendre chez Derrick lui qui semble habiter au beau milieu de nulle part dans la ville du bout monde et me prendre une chambre d'hôtel pour ce soir, mais non, je ne veux pas rester sur un échec, je veux me prouver que je suis capable de me démerder. Il faut d'abord me rendre à un autre terminal de traversier, celui de Kamoike. Avant tout un petit-déjeuner acheté au Lawson, l'un de ces dépanneurs 24h qui peuplent le Japon, deux gros morceaux de poulet frit, du bon gras tel que j'en vais rêvé toute la nuit durant. Je m'informe auprès d'un passant à l'allure sympathique, un promeneur matinal en ce dimanche de congé - si bienveillant, il ne m'indique pas seulement la direction du terminal, il m'y emmène d'un pas assuré que j'ai peine à suivre chargé de mon sac qui commence à me peser sur la nuque.

Le « ferry » part dans 15 minutes en direction de Taramizu, de l'autre côté de la baie de Kagoshima. À son bord, j'en profite pour faire un « powernap » pendant que les autres passagers se régalent de ramen et de udon (soupe de nouilles épaisses). À Taramizu, à quelques 30 kilomètres de Kinko-cho, la vraie, on me prévient qu'il sera impossible de prendre l'autobus jusqu'à bon port. Pourquoi? Parce que nous sommes dimanche. Je devrai faire autrement. Je commence à marcher vers le sud, vers Kinko, vers chez Derrick. Il pleuvâsse. De la belle merde quoi. Je commence à penser que ça serait peut-être une bonne idée de faire du stop. Je jette des regards derrière moi, j'y pense, je considère, je me demande si... et soudain, sans avoir même tenter de tendre le pouce, une voiture s'arrête à côté. Un visage amical, assis du côté droit, bien sûr, me demande où je vais. Lorsque je lui réponds Kinko-cho, il est d'abord surpris, puis regarde sur son GPS. Ce n'est pas trop loin, pas sur son chemin nécessairement, mais il peut m'y amener. Hourra!

En tout, le trajet prend une bonne demi-heure - à pied ça m'aurait pris au moins cinq heures. Ah, merci, mille fois merci! À peine arrivé à Kinko-cho, un bâtiment attire mon attention : c'est une petite maison blanche avec un drapeau canadien dans la fenêtre et un écriteau sur lequel on peut lire « Kennedy English School ». Ça y est, c'est ici! Je remercie Kamikariya-san, mon bon samaritain et j'appelle Derrick pour lui dire que j'ai finalement réussi à me rendre à destination.

Il vient me chercher une quinzaine de minutes plus tard avec sa voiture remplie à craquer de sourires accueillants. Il y a lui, Derrick, un Canadien de Winnipeg, 30 ans, son épouse, Naoko, leurs deux enfants, Zen et Luka (3 ans et 1 ans si je me souviens bien) et aussi deux autres couchsurfers, Stéphan et Milena de France. Derrick me dit que c'est la première fois qu'ils reçoivent des étrangers à Kinko-cho et que c'est donc un hasard que nous soyons trois à la fois. La douche attendra, nous allons d'abord voir une chute dans les environs. Ensuite, nous allons manger un morceau au matsuri du coin, pas cher, hyper sympathique, noys y rencontrons les frères de Naoko qui nous offrent des moules. Après, nous allons au Cap Sata, le point le plus méridional de Kyushu et donc du Japon, en excluant les îles mineures. Voilà, mon bout du monde. Je suis fatigué, je me sens crade, je pue probablement, mais j'y suis.

Avant le souper, moi, Derrick et Stéphan allons au onsen pour nous nettoyer, nous relaxer, nous régénérer quoi. Un quarante minute de pur bonheur qui efface complètement les désagréments des deux dernières journées. Pour le souper, Milena fait un gyudon maison (des lamelles de boeuf et des oignons cuits sur un nid de riz), puis Naoko va mettre les enfants au lit pendant que moi, Derrick et Stéphan, jouons au golf sur la Wii.

Pas nécessaire de vous dire que je n'ai pas eu de difficulté à m'endormir.

Mot du jour : minami (sud), sainan (le plus au sud)

P.S. C'est ma dernière mise à jour pour aujourd'hui. Demain, je prends le traversier pour Osaka, j'espère donc être en mesure de vous donner des nouvelles après-demain. Tiens, juste pour vous dire exactement où j'en suis : j'écris présentement d'une auberge de jeunesse à Miyazaki, sur la côté est de Kyushu. Comme nous sommes hors-saison, l'endroit est complètement désert. Je recharge mes batteries avant de repartir à l'aventure. Sayonara!

6 commentaires:

maman a dit…

On est vraiment gâtés ce matin. Des histoires, des photos. Un régal.

En regardant la carte, je vois que la traversée doit être longue entre Miyazaki et Osaka.

P.S. Jeannette et moi aimons beaucoup la longueur de tes cheveux en ce moment.

Ginette a dit…

Ouf! que d'aventures et de rencontres! On est gâté avec l'avalanche de nouvelles sur ton blogue.
Ta mère a raison, t'es pas mal cute avec cette longueur de cheveux. As-tu pensé que dans un mois, Noël sera bel et bien derrière nous! On a hâte de te voir.

Tatie Danielle a dit…

Toujours intéressant de te lire. Moi aussi je trouve que cette longueur de cheveux te va très bien. Trève de coquetterie cependant, et passons aux choses sérieuses... J'attends ta liste de suggestions pour Noël...
Ta marraine (qui veut du bien)

Tatie Danielle a dit…

Oups, il faudrait lire... qui TE veut du bien.

Jeannette a dit…

Mais Tatie Danielle, ne veux-tu pas la paix dans le monde?

Ça n'a aucun lien, mais le slogan des pancartes de l'ADQ, c'est "Donnez-nous le pouvoir". Et chaque fois que j'en croise une, j'imagine les députés qui font des crises de larmes en criant DONNEZ-NOUS LE POUVOIR! Donnez-nous leeee!

Aussi, suis-je la seule à m'émerveiller devant la "vérification des mots" quand on doit enregistrer un commentaire? Le mien est: brabf.

Furan a dit…

Content de voir que vous suivez toujours le blog après tout ce temps! Pour les cheveux, attendez de voir, je viens de me raser alors je suis tout clean-cut. ^_^

Le slogan de l'ADQ est « Donnez-nous le pouvoir » ? Je sais pas trop.. c'est honnête au moins.