vendredi 28 novembre 2008

Un pouce en or


Être hébergé chez une famille avec des enfants en bas âge, ça du bon, y'a de l'activité, ça court partout, mais impossible de faire la grasse matinée! Toute la ménagée se réveille donc en même temps, et nous passons, nous sept, à table pour le petit-déjeuner. Chacun déclare ses intentions : Derrick et Naoko doivent aller à l'école pour aider des étudiants à préparer un examen d'anglais, Stéphan et Miléna, eux, iront vers Sakurajima pour y passer la nuit. Moi, eh ben, il faut que je sois à Miyazaki dans deux jours, entre temps, je n'ai pas vraiment de plan. Derrick me dit qu'il a un ami à Iwagawa, une toute petite ville à mi-chemin entre Kinko-cho et Miyazaki et qu'il peut le contacter pour lui demander de m'offrir l'hospitalité. Bon, c'est ça de gagner. Reste le problème de comment s'y rendre parce que, je le répète, je suis au beau milieu de nulle part. Encouragé par Stéphan et Miléna, deux pros de l'auto-stop, je décide de m'y essayer pour une première fois. Derrick me promet de me conduire à Kanoya, une ville à partir de laquelle je serai en ligne droite pour Iwagawa.

Avant, cependant, j'accompagne la famille à l'école. Pendant que Naoko et Derrick donnent leurs cours chacun de leurs côtés, ma mission est, d'une part, de rester près de Zen, ce qui n'est pas sorcier étant donné qu'il est juste assez vieux pour apprécier les jeux vidéos et, d'autre part, d'aller jeter un coup-d'oeil à l'extérieur de temps en temps pour m'assurer que Luka roupille toujours dans la voiture. Après un certain moment, Derrick m'invite dans sa salle de classe pour que les étudiants puissent me poser des questions et mettre à l'épreuve leurs connaissances en anglais.

Vers 15h, les Kennedy m'amènent à Kanoya et me déposent près d'un supermarché. Le ciel se couvre, quelques gouttes tombent. Ça n'augure pas très bien, mais je garde le moral - entendre les récits d'auto-stop de Stéphan et Miléna m'ont donné confiance. Je me réfugie donc au supermarché pendant une quinzaine de minutes et l'averse passe. Je commence à marcher le long de la route en direction de Iwagawa. Ça me prend quand même un moment avant de me sentir assez confortable pour tendre le pouce. Il faut avant tout chose trouver l'endroit idéal : dans une ligne droite pour que les conducteurs me voient de loin et près d'un accotement pour qu'il puisse s'y ranger. Je trouve finalement mon coin. Je dépose mon sac et le dispose de façon à ce que le drapeau canadien soit clairement visible. Je m'arme de mon plus beau sourire et de l'attitude la plus positive qui soit et tient, d'une main, une pancarte sur laquelle il est écrit : « Miyakonojo no homen, nihongo dekiru! » (En direction de Miyakonojo, je parle japonais!). 

10 minutes plus tard, je suis en voiture avec un homme d'une soixantaine d'année qui s'empresse de m'offrir 150¥ pour que je puisse m'acheter quelque chose à boire dans une machine distributrice. On bavarde un peu; la conversation est sommaire, mais je connais tout juste assez de japonais pour combler les silences. Le soleil se couche et je suis à Iwagawa. D'abord, je ne réussis pas à rejoindre Kris, l'ami de Derrick, mais ce dernier m'avait dit qu'il travaillait jusqu'à 21h. Le Japonais qui m'a reconduit s'inquiète un peu, mais je lui dit qu'il n'y a aucune problème et que je vais être 'ok'. Ça me fait quand même trois heures à tuer... Que faire? J'explore un peu les environs, mais c'est sombre et sans intérêt. Je trouve finalement une grande surface et je m'installe sur un banc devant pour y lire et y écouter de la musique. Après une heure, un jeune homme d'une vingtaine d'année m'aborde, sans arrières-pensées, il veut tout simplement converser. Il parle un anglais sans faute et même qu'il peut compter en français et dire quelques phrases simples! Junji, c'est son nom, m'explique tout plein de choses sur la culture japonaise, sur la grammaire et, finalement, m'offre un CD (gravé) d'un groupe de chanteurs nippons. 

Tout ça fait que je ne vois pas le temps passer et qu'il est déjà neuf heures. J'appelle Kris et il vient aussitôt me chercher au supermarché. Un Américain, mais de descendance asiatique, qui vit dans le sud du Japon depuis une dizaine d'années. Lui aussi a une petite famille et une école privée d'où il donne ses leçons. Je dis adieu à Junji et embarque avec Kris. Sans être trop au courant du Couchsurfing, il m'offre l'hospitalité en s'excusant de ne pas pouvoir passer davantage de temps avec moi. Un homme exceptionnel, un de plus, si attentionné et généreux avec qui je passe une bonne heure à bavarder du Québec et du Japon avant d'aller au lit.

Mot du jour : kuruma (voiture)

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