samedi 18 octobre 2008

Damien

Je me dirigeais vers la station de métro lorsque quelque m'apostrophe de derrière. Damien qu'il s'appelle, un Français qui vient tout juste de débarquer au Crib. Je l'avais déjà croisé il y a deux jours; sa première nuit était celle d'hier et, comme moi il y a deux semaines, il cherchait à rencontrer Kei pour avoir de l'info sur la chambre ainsi que laisser une caution. Damien est tout installé maintenant et c'est un peu par hasard qu'il me rattrape sur la rue. On bavarde un peu, il me demande où je vais, je lui réponds qu'il y a probablement un événement spécial à Asakusa, près du Senso-ji, mais que si on se fie à mon taux de succès de ces derniers jours, on ne peut s'attendre qu'à une déception. Malgré mon pessimisme, il décide quand même de m'y accompagner.

Vers 13h nous arrivons à Asakusa. C'est bondé, mais comme on est samedi, je ne crie pas victoire tout de suite. Nous nous frayons un chemin à travers la foule et plus nous avançons, plus ça devient clair que cette fois pourrait bien être la bonne, surtout que l'allée marchande est décorée de feuilles d'automne de papier. Près du temple principal, une masse de gens; nous nous rapprochons. Avantagés par notre taille, nous avons une bonne vue de ce qui se passe sur le parvis du temple : un dragon doré flotte, danse, à deux mètres du sol. Moi et Damien sortons nos appareils-photo en même temps. Le dragon s'immobilise. Tout à coup, une femme entame un chant plaintif qui est rapidement accompagné de quelques notes de flûte et d'un battement de tambour - le dragon reprend son mouvement guidé par le déplacement d'une boule dorée. Nous regardons, comme hypnotisés et une dizaine de minutes, la cérémonie prend fin. À l'instar de la foule, nous nous approchons pour toucher les écailles de carton du dragon, un peu pour la chance, mais surtout parce que tout le monde le fait.

Damien veut fumer une cigarette, nous faisons une pause. Il a, comme moi, 25 ans, il vient de Grenoble. Il est au Japon pour un an, il veut travailler, apprendre la langue. Sa copine est restée en France, mais va venir le rejoindre l'an prochain. Il veut devenir stewart, pour continuer de voyager. Nous repartons flâner; un arrêt dans un espèce de skatepark intérieur pour vélo et ensuite de l'autre côté de la Sumidagawa, près de la brasserie Asahi, où Damien me fait part de sa stricte éducation catholique, ce qui l'a amené à rejeter en bloc cette religion. Retour à Nishinippori.

En soirée, Damien va à Shibuya rejoindre son ami canadien (anglais) pour aller prendre un verre dans un bar. Je décline poliment l'invitation - tout simplement parce que Shibuya, c'est un peu loin, et que lui part à 18h15, ce qui est un peu tôt. Je bouffe seul et, vers 19h30, je vais dans un petit resto japonais situé à à peu près 7 secondes à pied du Crib. Je me commande une bouteille de nihonshu (nihon = japon, shû = alcool, alcool du Japon, donc ce que l'on appelle du saké... c'est que sake ici, ça désigne l'alcool de façon générale). Le chef m'amène un premier amuse-gueule, je ne sais pas trop ce que c'est, mais il me dit que c'est un légume et que c'est piquant. Le piquant est pas mal, mais la texture est un peu bizarre. On jase un peu, il m'apporte un deuxième amuse-gueule qui lui, est très laid. Je vois que le patron et le chef ricanent un peu en voyant mon air surpris. J'essaie, je me lance. C'est de petits morceaux de chair rose pâle un peu gluants dans une espèce de sauce rougeâtre. À la texture c'est mou, coriace et gluant, comme une huître, mais plus pâteuse. Le chef me dit que c'est un fruit de mer, mais lorsqu'il voit que je ne comprends pas trop le reste de ses explications, il dessine la bête en question. Tout de suite, je vois : c'est du calmar. Des tentacules de calmar, bien frais. Il m'écrit aussi le nom du plat : shiokara (je vérifie une fois rentré : le shiokara, c'est un fruit de mer que l'on sert dans une sauce composée des viscères fermentés et salés de l'animal en question... pas apprécié de tous, un plat qui divise même les Japonais... on recommande d'avaler d'un trait le morceau de tentacule en le faisant suivre d'une rasade de whisky).

Je finis la soirée aux arcades. Y'en a une super sympathique tout près de la gare. Une dizaine de vieilles machines, sans plus, pas trop bruyantes, de petits tabourets pour s'asseoir et environ 15 minutes de jeu pour chaque dollar investi. Voiiiiilà!

Mot du jour : tomodachi (ami ... awwwww)

P.S. J'ai trouvé de l'hébergement pour Fukuoka du 11 au 14 novembre! La planification va bon train!

5 commentaires:

maman a dit…

Je ne peux pas dire que tu nous donnes faim. J'ai hâte de voir les photos du dragon. Demain c'est l'excursion à Yasukini jinga qui est un sanctuaire très controversé.

Furan a dit…

Au Yasukini Jinga? Eh bien, ainsi soit-il! Pourquoi il est controversé?

Jeannette a dit…

MMh tu me donnes faim mais seulement dans la mesure où je viens de me lever et CH'AI TRÈS FAIM.
Sinon oui la session va bien, non c'est pas trop rushant. Je voulais te dire que l'autre fois je suis allée au Petit Medley sur la Plaza et qu'ils ont passé "For Your Love" des Yardbird. J'étais beeen contente.

Ginette a dit…

Combien de kilos as-tu perdu depuis ton arrivée à Tokyo. La marche et les bons petits calmars en sauce, c'est bon pour la ligne!
Il y a un article dans la Presse d'aujourd'hui, section Voyage, sur 48 heures à Tokyo: le marché au poisson de Tsukiji, les jardins Hama-Rikyu, le quartier d'Asakusa, celui de Shibuya, souper dans un izakaya la première journée; Harajuku, sumo à Ryogoku, et Shinjuku by night la deuxième journée. Je reconnais beaucoup d'endroits dont tu nous a parlé. Le journaliste recommande un régal nommé "shabu-shabu", boeuf cuit dans un bouillon et trempé dans une sauce au sésame. Cela semble meilleur que ton calmar!

maman a dit…

Il est controversé parce que certains le disent simplement voué au culte des Japonais morts pour la patrie, tandis que d'autres y voient un monument dédié à la gloire des criminels de guerre responsables de l'agression nippone en Asie...
Es-tu allé dans le quartier Ochanomizu ? Il y a là une église orthodoxe, beaucoup d'étudiants et le musée des Transports.